Le chômage a battu un nouveau record dans la zone euro et continue de toucher de plein fouet les jeunes, une situation qui pousse les dirigeants des 27 à s'attaquer au sujet avant le sommet européen de juin consacré à l'emploi et à la croissance .

Le taux de chômage s'est établi à 12,2% en avril contre 12,1% le mois précédent, selon les données publiées vendredi par l'office européen de statistiques Eurostat.

Cela se traduit par 19,37 millions de personnes au chômage dans les 17 pays de la zone euro, dont 3,62 millions de jeunes de moins de 25 ans.

La situation est alarmante dans les pays les plus lourdement frappés par la crise et fait craindre la formation d'une «génération perdue». Le chômage touche en effet 62,5% des jeunes en Grèce, 56,4% en Espagne, 42,5% au Portugal et 45% en Italie, soit environ un jeune sur deux.

Prenant la mesure de la situation, les Européens ont inscrit ce sujet à l'agenda de leur prochain sommet fin juin à Bruxelles.

«La lutte immédiate contre le chômage et plus particulièrement celui des jeunes est essentielle», a déclaré vendredi le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, en déplacement à Rome.

«C'est un défi politique, économique et social pour nos sociétés. Et c'est un défi que nous devons affronter de toute urgence», a poursuivi le président de l'UE.

«Mais les politiques sociales sont de la responsabilité des États. L'Union européenne peut seulement aider», a-t-il averti.

Jeudi, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande, ont insisté sur le «déboursement accéléré» de 6 milliards d'euros sur deux ans pour l'emploi des jeunes. Dans le cadre de son budget 2014-2020, l'UE a prévu une «Initiative pour les jeunes» pour les régions où le taux de chômage des jeunes est supérieur à 25%. Treize États membres sont concernés.

Herman van Rompuy a plaidé à Rome pour que «les premiers co-financements soient disponibles dès le 1er janvier 2014».

L'idée d'accélérer le déboursement de ce plan est sur la table depuis plusieurs semaines et est soutenue par la Commission européenne. Malgré cela, les Européens semblent relativement démunis face au problème du chômage de masse, d'autant plus que le continent reste englué dans la récession.

«Un retournement de situation n'est pas en vue», estime Martin Van Vliet, analyste pour la Banque ING. «Même si la zone euro sort de récession plus tard cette année, le marché du travail risque lui de rester en dépression jusqu'à l'année prochaine», avance-t-il.

En un mois, 95 000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs au sein de l'Union monétaire et environ 1,64 million en un an.

À l'échelle des 27, le tableau n'est guère plus enviable: le chômage était à 11% en avril, comme le mois précédent, ce qui équivaut à 26,58 millions de personnes sans emploi. En comparaison, le taux de chômage était de 7,5% aux États-Unis sur la même période.

Facteur aggravant: les disparités sont très importantes au sein de la zone euro. Dans les pays du sud, le chômage touche plus d'un actif sur quatre: 27% en Grèce, où les dernières données disponibles datent de février, 26,8% en Espagne en avril et 17,8% au Portugal. À l'inverse, les taux de chômage les plus bas ont été enregistrés en Autriche (4,9%), en Allemagne (5,4%) et au Luxembourg (5,6%).

En outre, la situation s'est considérablement dégradée en un an dans les pays les plus fragiles: le taux de chômage a ainsi bondi de 21,9% à 27% en un an en Grèce, de 11,2% à 15,6% à Chypre, de 24,4% à 26,8% en Espagne et de 15,4% à 17,8% au Portugal.

Les chefs de gouvernement espagnol et portugais, Mariano Rajoy et Pedro Passos Coelho, se sont montrés récemment disposés à soutenir «tout plan» visant à lutter contre le chômage des jeunes. Le premier ministre italien, Enrico Letta, a également fait de ce sujet un de ses chevaux de bataille.