Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, s'est engagé à respecter le plan de retour à l'équilibre budgétaire de son prédécesseur, dès 2013-2014, même si le gouvernement soutient avoir hérité de graves dépassements des dépenses jumelés à une conjoncture économique qui s'est détériorée depuis mars.

Dépenses accrues, recettes diminuées, on pourrait s'imaginer que Québec est dans la même situation qu'Ottawa qui a choisi la semaine dernière de retarder d'un an, en 2016-2017, le retour à l'équilibre, trois ans après Québec.

Le rythme de croissance réelle de l'économie canadienne est deux fois plus rapide que celui du Québec. D'avril à juin, l'expansion canadienne en rythme annuel a été de 1,8%, comparativement à 0,8% seulement au Québec.

L'assiette fiscale d'Ottawa a cependant grossi moins rapidement. Le produit intérieur brut (PIB) nominal, qui en donne la mesure, a augmenté de 0,5% seulement en rythme annuel, en raison surtout du repli des prix des matières premières, et du pétrole canadien, en particulier. C'était la première fois depuis la récession que le PIB nominal était inférieur au PIB réel.

Au Québec, le PIB nominal a crû de 1,2% en rythme annuel d'avril à juin. C'est donc dire que l'assiette fiscale n'a pas décéléré autant que celle d'Ottawa.

C'est une mince consolation, des plus bienvenues. Québec peut aussi s'attendre à un certain raffermissement de la consommation, étant donné la création de plus de 100 000 emplois depuis le début de l'année, selon les données de l'Enquête sur la population active de Statistique Canada.

Néanmoins, la conjoncture reste fragile. Il serait bien surprenant que les revenus autonomes puissent augmenter de 6,4%, comme l'avait hardiment projeté Raymond Bachand en mars, en tablant sur l'augmentation d'un point de pourcentage de la TVQ. Il prévoyait une augmentation de 3,8% du PIB nominal, ce qui s'avère désormais trop élevé.

C'est sur cette double hypothèse qu'était basée sa prévision de diminuer de 1,8 milliard, à hauteur de 1,5 milliard, le déficit pour l'exercice en cours.

C'est aussi sur la base d'une augmentation de 4,5% des revenus autonomes en 2013-2014 qu'il avait aussi prédit le retour à l'équilibre dès l'an prochain.

Il s'agit d'une projection quelque peu optimiste. Pas plus tard qu'hier, le Conference Board du Canada misait plutôt sur une augmentation de 3,5% du PIB nominal du Québec en 2013.

L'atteinte du déficit zéro l'an prochain, si tel demeure l'objectif, passe donc par d'importantes compressions et peut-être aussi par quelques annonces d'augmentation de revenus. Ainsi, le nouveau palier d'imposition pour les revenus imposables de 100 000$ et plus, à partir du 1er janvier, permettra d'engranger 320 millions par année. C'est 80 millions de plus, donc, pour l'exercice financier présent qui prend fin le 31 mars.

Les agences de notation de crédit examineront surtout le plan pour limiter le poids relatif de la dette. En mars, on prévoyait que la dette brute de Québec allait s'élever à 191,7 milliards le 31 mars et équivaloir à 55,3% de la taille de l'économie. Ce ratio devait ensuite diminuer, même si la dette brute allait continuer d'augmenter pour franchir les 200 milliards, dès 2014-2015.

Faute de croissance suffisante, le ministre Marceau devra trouver le moyen de ralentir l'endettement, sans pour autant compromettre le peu de tonus qui anime encore l'économie québécoise.

Faire mieux avec moins, en somme.