L'euro est passé jeudi sous la barre de 1,28 dollar US pour la première fois depuis 16 mois, en raison d'un regain d'inquiétude sur la crise de la dette dans la zone euro et la solidité du système bancaire européen.

Vers 9h07 (heure de Montréal), l'euro est descendu à 1,2797 dollar, son plus bas niveau depuis le 13 septembre 2010.

Vers 8h15 GMT, l'euro avait par ailleurs baissé à 98,48 yens, un niveau plus vu depuis décembre 2000 face à la monnaie nippone.

«Les inquiétudes sur les dettes souveraines européennes ne sont jamais très loin... et jeudi, une émission obligataire de la France est venue peser sur le marché des changes», expliquait Kathleen Brooks, analyste de la société britannique Forex.com.

Seconde économie de la zone euro, la France est parvenue à lever 7,963 milliards d'euros comme prévu. Mais, pour l'obligation de référence à dix ans, les taux d'emprunt se sont inscrits en légère hausse et la demande a été moins forte que lors des précédentes opérations du même type.

Des résultats qui n'ont pas convaincu les cambistes: «cette baisse de la demande augure mal des prochaines émissions obligataires, alors même que la France doit lever cette année près de 300 milliards d'euros, et que la menace d'une dégradation de la note française plane toujours», notait Mme Brooks.

Par ailleurs, les doutes sur la solidité du système bancaire européen «recommencent à ronger l'esprit des investisseurs, alors que les dépôts des établissements financiers à la Banque centrale européenne (BCE) atteignent des niveaux records et que la première banque italienne, UniCredit, voit son cours en Bourse s'effondrer», ajoutait Simon Denham, analyste de Capital Spreads.

Enfin, «les investisseurs sont de plus en plus nerveux sur la situation des banques espagnoles qui pourraient avoir besoin d'accroître leurs fonds en dehors d'une aide de l'État, ce qui alimente la baisse de l'euro», indiquait Nick Stamenkovic, analyste de RIA Capital Markets.

Le ministre espagnol de l'Économie, Luis de Guindos, a estimé dans un entretien au Financial Times de jeudi que les banques espagnoles avaient besoin de provisionner jusqu'à 50 milliards d'euros supplémentaires pour apurer leurs comptes.