L'option d'un rééchelonnement de la dette de la Grèce détenue tant par des créanciers publics que privés a encore gagné en vigueur mardi en Europe, face aux difficultés du pays à sortir de la crise, même si la France se refuse pour l'heure à envisager ce scénario.

Plusieurs responsables ont ouvert la voie à une telle possibilité, à condition toutefois qu'Athènes donne des gages en privatisant beaucoup plus vite que prévu pour renflouer ses caisses, et en économisant davantage afin de tenir ses promesses de réduction de déficit.

Si la Grèce fait des efforts, «nous devrons voir alors s'il est possible d'avoir une restructuration douce de la dette grecque», a dit le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence, après avoir déjà tenu des propos similaires la veille.

La restructuration «douce» passe des délais plus longs pour rembourser et éventuellement une baisse de taux d'intérêt.

Berlin est ouvert à l'idée à condition aussi d'y associer les détenteurs privés de dette, banques, fonds de pension et d'investissement.

S'il y a un problème, «il appartient d'abord aux autorités grecques de prendre de nouvelles mesures pour garantir la soutenabilité des dettes», a déclaré mardi le secrétaire d'État allemand aux Finances, Jörg Asmussen.

Si cela ne suffit pas, «il nous faudra envisager des mesures qui ne pèsent pas seulement sur les contribuables mais qui impliquent aussi le secteur privé, sur une base volontaire», a-t-il ajouté.

Pour la Commission européenne aussi, cette option doit être mise sur la table.

«Une extension volontaire des maturités de prêts -un reprofilage ou un rééchelonnement sur base volontaire- pourrait également être examinée» pour les créanciers privés, a indiqué son commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn.

L'idée, dans un tel scénario, est que les détenteurs privés de dette publique grecque se laissent convaincre qu'il est dans leur intérêt de prolonger les délais de paiement, plutôt que de prendre le risque de voir le pays ne pas rembourser tout son dû au bout du compte.

Le sujet divise toutefois encore les Européens. La France est beaucoup plus réservée que l'Allemagne notamment sur le sujet.

«La restructuration ou le rééchelonnement qui serait de nature à constituer une situation de défaut sont pour moi +off the table+, on n'en débat pas», a dit à Bruxelles lundi soir la ministre française de l'Economie Christine Lagarde.

L'éventualité de prêts supplémentaires est aussi envisagée, en plus des 110 milliards d'euros qui ont été promis l'an dernier sur trois ans au pays par ses partenaires européens et le Fonds monétaire international. Une décision sera prise en fonction des résultats d'une évaluation en cours sur la situation budgétaire de la Grèce, menée par des experts européens et du FMI.

Leur rapport devrait être rendu en juin.

Pour pouvoir espérer un geste, les Grecs vont devoir en premier lieu accélérer un programme de privatisations de 50 milliards d'euros promis jusqu'en 2015.

«Jusqu'à présent, concrètement il n'y a pas eu un euro de privatisations», a déploré Jörg Asmussen.

M. Rehn a demandé mardi que ces cessions commencent «tout de suite».

«Nous avons besoin d'une liste précise d'entreprises et d'un calendrier clair organisant les privatisations», a renchéri le ministre belge des Finances Didier Reynders, en soulignant qu'Athènes devait répondre «cette semaine».

Si la Grèce fait ce qu'il faut «il sera possible d'aller plus loin et peut-être, avec le FMI et l'UE, d'aider la Grèce au cours des années à venir», a-t-il ajouté.