Tout s'est décidé durant la première fin de semaine de février 2010. Le lundi 8, Nil Lapointe convie des amis à sa maison de Morin Heigths, à 13h30. Sur place, c'est le drame: le gestionnaire de fonds est sans vie apparente, dans son garage, moteur de voiture en marche.

Le destin tragique de Nil Lapointe a été confirmé dans le rapport du coroner Michel Ferland, déposé en décembre. Le financier s'est suicidé dans sa résidence, désespéré de la gestion financière désastreuse de son organisation, Tanzanite, dans laquelle des centaines d'investisseurs ont placé leurs économies.

Tanzanite, rappelons-le, était considérée comme une organisation de croissance personnelle et d'investissement. Nil Lapointe était perçu par certains comme un gourou, capable de procurer à ses fidèles des rendements de 2 à 5% par mois. L'organisation laissait entendre qu'une espèce de «robot» était utilisée pour battre les marchés dans les secteurs du pétrole et des matières premières.

Depuis 2006, cependant, les investisseurs se faisaient répéter que leurs fonds étaient soi-disant bloqués en Europe par la banque centrale. Leurs espoirs de revoir leur argent se sont évaporés avec le suicide de leur mentor.

Selon le rapport du coroner, des amis ont rencontré Nil Lapointe le jeudi 4 février pour discuter de la situation financière. L'homme leur a demandé de le «laisser tranquille» jusqu'au lundi suivant, moment où il leur dresserait le portrait de son organisation.

Le lundi, certains reçoivent un courriel pour un rendez-vous à 13h30. À l'heure convenue, ils découvrent Nil Lapointe sans vie dans son garage, moteurs de voiture et de souffleuse en marche.

«Sur les lieux, il n'y a pas de trace de lutte ou de violence. Dans le véhicule, il y a une photo de famille bien en évidence. Ses amis ont également trouvé une note d'intention de nature testamentaire qui a été remise aux policiers. Dans cette note, il mentionne sa gestion déficitaire des fonds d'autrui. Selon un ami, M. Lapointe était particulièrement préoccupé (tant) par sa gestion envers autrui que par ses propres difficultés financières. Ceci ressort aussi de sa note», est-il écrit dans le rapport du coroner.

L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait commencé à enquêter en 2009 sur cette affaire, qui a toutes les allures d'un stratagème à la Ponzi, semblable à l'affaire Earl Jones. Dans ce type de stratagème pyramidal, l'argent des investisseurs n'est pas placé sur les marchés financiers. Il sert plutôt à rembourser les intérêts et le capital des premiers investisseurs, de même qu'à financer le train de vie des promoteurs.

L'AMF n'a réellement commencé à obtenir la collaboration des investisseurs qu'après le suicide de M. Lapointe. À la mi-février 2010, elle avait discuté avec 40 investisseurs, est-il indiqué dans un document déposé en Cour. Globalement, l'AMF estime qu'environ 500 personnes y auraient placé des fonds.

Développements imminents

Nos sources font aussi état de 300 à 500 investisseurs et de sommes globales variant entre 15 et 100 millions de dollars. Les sommes ont été recueillies illégalement, selon l'AMF, c'est-à-dire sans prospectus et sans que les dirigeants aient les permis requis. En plus de Nil Lapointe, l'organisation était notamment dirigée par Claudé Hamel.

Hier, le porte-parole de l'AMF, Sylvain Théberge, nous a indiqué que l'enquête sur cette affaire était terminée. «Il devrait y avoir des développements prochains dans ce dossier, vraisemblablement en janvier», a-t-il dit.