La fusion d'Ogilvy Renault avec Norton Rose forcera les cabinets d'avocats concurrents à s'ajuster. État des lieux...

Dix jours plus tard, la communauté juridique canadienne est encore secouée par la nouvelle concernant Ogilvy Renault. La firme d'avocats a indiqué la semaine dernière qu'elle se joindrait en juin 2011 au britannique Norton Rose, devenant ainsi le premier cabinet canadien à se joindre à un groupe international.

Faut-il s'en étonner tant que ça?

Depuis quelques années, les grandes firmes d'avocats britanniques et américaines s'implantent un peu partout dans le monde. Ce n'était donc qu'une question de temps avant qu'un cabinet international cherche à se positionner au Canada.

Pour Ogilvy Renault, c'est un pari qu'il fallait faire. Ses grands clients, comme Bombardier ou SNC-Lavalin, font des affaires partout sur la planète; il fallait une plateforme juridique pour continuer à les servir. Ogilvy réalise cet objectif en se joignant à un groupe qui compte 2500 avocats et 38 bureaux dans les plus grandes métropoles sur cinq continents.

La grande question: que feront les cabinets concurrents canadiens? Chacun a déjà une stratégie internationale propre, mais nul doute que la fusion Ogilvy-Norton Rose accélérera les choses. Voyons leur position actuelle.

Fasken Martineau

Fasken se targue d'être le plus international des cabinets canadiens et ce n'est pas tout à fait faux. En 2003, le cabinet a ouvert un bureau à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour servir ses clients sur le continent africain, notamment dans le secteur minier. En 2006, la firme a ouvert un autre bureau, cette fois à Londres, en fusionnant avec Stringer Saul, cabinet-boutique reconnu sur le marché boursier AIM et dans les sciences de la vie. Puis, l'an dernier, Fasken a fait le même coup à Paris, avalant Gravel, Leclerc&Associés, petit cabinet de droit international. La stratégie de Fasken ressemble un peu à celle de Norton Rose, soit de grossir par acquisitions. Seule différence, Fasken prend de plus petites bouchées.

Blakes

De loin le cabinet avec le plus de bureaux internationaux avec sept. Pas étonnant que Blakes se positionne souvent en tête des classements mondiaux des cabinets en fusions et acquisitions. La firme privilégie l'ouverture de petits bureaux à l'étranger et ne semble pas intéressée à s'allier formellement avec d'autres cabinets. L'an dernier, Blakes aurait refusé la proposition de Gravel, Leclerc&Associés, avant que ce dernier ne se joigne à Fasken. Et récemment, la firme aurait eu des discussions avec Norton Rose, rapporte The Lawyers Weekly.

McCarthy Tétrault

McCarthy n'a qu'un bureau à l'étranger, à Londres. Il joue néanmoins un rôle clé dans la stratégie internationale du cabinet en coordonnant les activités en Europe et au Moyen-Orient. Peu probable toutefois que le cabinet fusionne avec un grand acteur. Car ce cabinet préfère les alliances informelles aux fusions qui limitent l'action.

Gowlings

Gowlings célèbre ses 20 ans à Moscou. Ce bureau est d'ailleurs reconnu comme le meilleur bureau en propriété intellectuelle de Russie. Le bureau de Londres est plus récent. Il se spécialise en énergie, infrastructures et mines et agit comme point central pour l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient. Au Canada, Gowlings possède également des groupes de pratique qui se spécialisent sur les États-Unis et la Chine.

Davies

L'engagement de Davies envers l'international ne date pas d'hier. Premier cabinet canadien à ouvrir un bureau à Paris dans les années 60, premier à Pékin, premier bureau nord-américain à ouvrir un bureau à Hong-Kong dans les années 70... Aujourd'hui, Davies se concentre sur New York, avec 14 avocats américains qui font dans les grandes transactions transfrontalières.

Stikeman Elliott

Ce cabinet compte trois bureaux étrangers: Londres, New York, Sydney. Ceux de Londres et New York se distinguent dans les opérations commerciales internationales. Celui de Sydney est davantage un centre de liaison de la pratique plurigouvernementale du cabinet en Asie-Pacifique. Stikeman privilégie les équipes volantes; tous les mois, des avocats sont à l'étranger pour nouer des relations d'affaires.

Osler

La carte internationale de ce cabinet porte un nom: New York! Le pari de départ était d'être un bureau de représentation, avec des avocats principalement canadiens. Aujourd'hui, l'objectif a changé. Osler veut desservir une clientèle d'entreprises canadiennes qui souhaitent faire affaire aux États-Unis et, réciproquement, accompagner les entreprises américaines dans leurs projets au Canada. Dévoué à 100% au marché américain, l'associé directeur Randall Pratt croit que sa firme pourra un jour concurrencer les gros canons locaux comme Skadden Arpps ou autres Weil Gotshal. À voir...

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CABINETS D'AVOCATS CANADIENS DANS LE MONDE

BLAKES

Canada 575

New York 5

Chicago 2

Londres 5

Bahreïn 5

Al-Khobar 3

Pékin 5

DAVIES

Canada 232

New York 14

GOWLINGS

Canada 700

Moscou 38

Londres 10

FASKENMARTINEAU

Canada 594

Paris 15

Johannesburg 3

Londres 51

HEENAN

Canada 517

Paris 1

Singapour 1

McCARTHY TÉTRAULT

Canada 600

Londres 10

OSLER

Canada 443

New York 25

STIKEMAN

Canada 492

New York 9

Londres 15

Sydney 1

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