Depuis quelques mois, les hygiénistes dentaires du Québec portent des uniformes fabriqués à Granby par la compagnie Stedfast.

Dessinés par Jean-Claude Poitras, ils sont faits d'un nouveau tissu «intelligent». Un tissu qui tue... les micro-organismes! Selon des tests en laboratoire effectués à l'Université de Montréal, le tissu, traité selon une nouvelle technologie appelée Aviscen, élimine efficacement les germes.

«Il existait déjà des tissus antibactériens, explique Ron Kellock, président de Stedfast. L'innovation principale dans celui-ci, c'est qu'il peut être lavé plusieurs fois sans perdre ses propriétés. Il est très résistant.»

Et même si des tissus antimicrobiens existaient, les uniformes faits de ces tissus étaient très difficiles à trouver. La nouvelle technologie a été développée sous la direction d'Hamid Benaddi, docteur en chimie et directeur de Stedfast Recherche depuis cinq ans.

Mais à l'origine, c'est le vice-président à la R&D, François Simard, qui en a eu l'idée de lancer le projet après avoir constaté que sa fille, infirmière, revenait de l'hôpital en portant son uniforme.

C'était en 2006, au moment même où les problèmes associés à la bactérie C. difficile faisaient les manchettes des journaux.

En voyant sa fille revenir du travail avec son uniforme d'infirmière, François Simard s'est dit qu'il fallait faire quelque chose pour éviter que les vêtements des travailleurs de la santé ne propagent les infections.

Stedfast s'est alors lancé dans le développement de l'Aviscen, qui offre une protection active contre les bactéries et les virus, incluant celui de la grippe aviaire.

L'Aviscen n'est qu'un produit parmi d'autres pour Stedfast, qui développe de nombreux projets de recherche dans le domaine du textile intelligent destiné à la protection des travailleurs.

Ces tissus servent de barrière matérielle pour protéger pompiers, ambulanciers et militaires.

«Si vous êtes dans l'industrie du textile en Amérique, vous devez vous différencier des commodités de base, qui se font maintenant en Asie, explique Ron Kellock. L'avenir est dans la valeur ajoutée et les produits avec des usages très spécifiques.»

C'est pourquoi l'entreprise investit environ 5% de son chiffre de ventes annuelles en recherche.

«Nous avons de 10 à 15 nouveaux produits en développement. Les recherches sont coordonnées de Granby, mais nous collaborons avec les universités, et avec le Groupe CTT, un centre de transfert des technologies spécialisé dans le textile.»

Employant 115 personnes, l'entreprise Stedfast a vu le jour en 1930 et a changé de mains deux fois. Elle a été rachetée de l'ancien propriétaire par la famille Kay, dont M. Kellock fait partie, entre 2005 et 2007.

C'est à ce moment que le Fonds de solidarité a investi dans l'entreprise pour faciliter son transfert.