Depuis deux ans, l'activité a été fébrile du côté des acquisitions et des partenariats. Les mouvements observés témoignent de la volonté des pharmas d'abaisser leurs coûts et de recentrer leurs activités.

Pfizer a acheté Coley Pharmaceutical, un laboratoire spécialisé dans les adjuvants de vaccin et les traitements novateurs contre le cancer. GlaxoSmithKline complétait l'acquisition de Reliant Pharmaceuticals afin de renforcer son portefeuille de traitements dans le domaine cardiovasculaire.

Eli Lilly a racheté les actions restantes de Sphinx Pharmaceuticals pour améliorer sa position dans le développement de médicaments contre le diabète, les problèmes cardiaques et les maladies inflammatoires, comme l'arthrite.

Gastrotech Pharma a signé un accord de licence avec Eli Lilly pour développer et mettre en marché un médicament pour traiter le syndrome du côlon irritable.

En échange, Lilly a pris une participation dans Gastrotech et recevra des redevances sur les ventes.

Les activités de recherche interne de l'entreprise ne sont plus nécessairement la principale source de nouveaux produits.

Pour garantir aux investisseurs un pipeline qui crache sans faille un flux continu de revenus, les pharmas puisent à même les ressources de l'industrie.

Elles misent sur différentes formes de collaboration:

> La prise de contrôle par achat d'actions garantissant ainsi l'accès au savoir de l'entreprise et à sa capacité de production.

> L'acquisition d'un médicament d'une autre entreprise.

> Le développement conjoint qui permet à une entreprise de plus petite taille, souvent une entreprise de biotechnologie, d'utiliser les actifs d'une grande pharmaceutique pour développer un produit.

> La commercialisation conjointe.

> Les accords de licence.

Le bon moment

Ainsi, AstraZeneca a acheté, l'an dernier, Med-Immune pour 15,6 milliards.

Avec cette acquisition, elle concrétise sa stratégie d'avoir 25% de ses projets sous forme de produits biopharmaceutiques, explique le Dr Philippe Walker vice-président, Découverte, AstraZeneca R-D Montréal (AZRDM).

Cet achat positionne avantageusement l'entreprise dans les très lucratifs marchés des protéines et des traitements anti-cancers.

Le Dr Walker compte aussi sur Med-Immune pour interagir avec son groupe de recherche sur la douleur.

De plus, le laboratoire de Montréal suit aussi de près certaines compagnies de biotechnologies de la région de Montréal, que le Dr Walker ne peut nommer pour des raisons évidentes, afin d'établir des ententes avec elles.

«Pour une alliance, le timing est clé» affirme-t-il.

«Nous souhaitons collaborer au moment où le développement d'un médicament atteint la Phase III», c'est-à-dire au moment où il est testé sur les patients et où les investissements requis pour le mettre en marché sont très importants.

L'actuelle course au réalignement provoque des comportements plus risqués.

Certaines compagnies investissent dans des stades plus précoces du développement d'un médicament.

Depuis deux ans, les compagnies de biotechnologies, mêmes petites, sont dans la mire des dix plus importantes firmes pharmaceutiques.

Merck a acquis Sima Therapeuthic et GlycoFi. Pfizer a acheté PowerMed et Rinat Neuroscience.

Les compagnies pharmaceutiques qui s'étaient fiées jusqu'à maintenant aux molécules chimiques pour assurer leur croissance, s'arrachent maintenant à prix d'or les compagnies qui produisent des médicaments à base de protéines.

Dans ce jeu de positionnement, les biotechs sont les grandes gagnantes.

Ernst&Young évalue à 23 milliards, un record de tous les temps, la valeur des ententes conclues en 2006 avec les biotechs.

Leur capitalisation s'est accrue de 42% pour atteindre 27,9 milliards.

Durant cette même période, les entreprises canadiennes ont connu une croissance de 22% de leurs revenus.