(Denver) Un emballage en résidu de café, une poudre de champignons pour conserver les fruits plus longtemps, une nouvelle « glace » restant intacte au froid comme au chaud… Jean Buzby, la nouvelle cheffe du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA), a présenté des projets prometteurs lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, le mois dernier à Denver.
Des microbes sur les patates
Dans certains champs, les pommes de terre résistent mieux aux taches noires causées par des champignons. Des biologistes de l’Université de l’Idaho ont donc analysé des centaines de bactéries présentes dans le sol et en ont identifié deux qui protègent les pommes de terre de ces champignons. Ils préparent maintenant une solution liquide de ces deux microbes, qui est vaporisée sur les pommes de terre avant le stockage. Les pertes durant le stockage, qui sont d’environ 7,5 % par an, sont réduites de 10 % à 30 %. « Les agents de conservation les plus couramment utilisés pour le stockage restent fabriqués à partir d’hydrocarbures et les pathogènes y sont de plus en plus résistants », a dit Mme Buzby.
Des champignons sur les fruits coupés
On coupe souvent le bout de la queue des champignons avant de les faire cuire. Mais quand ils sont récoltés, un autre bout de queue est aussi coupé. Ces résidus de « queue de champignon » sont riches en vitamine D. La firme californienne Monterey Mushrooms se prépare à commercialiser une poudre à partir de ces résidus, comme solution de rechange aux suppléments de vitamine D en pilules. Cette poudre, qui possède des propriétés antimicrobiennes, pourra également être saupoudrée sur les barres de fruits et les fruits coupés pour qu’ils gardent leur fraîcheur plus longtemps. « Et il n’y a aucun goût », assure Mme Buzby.
Des glaçons en gelée
Parmi les résidus du soja utilisé par l’industrie alimentaire, des chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont identifié une protéine remarquable : celle-ci permet de fabriquer une gélatine restant intacte par température froide comme chaude. Avec cette gélatine, ils ont conçu une « glace en gelée » qui peut remplacer un glaçon ou un bloc réfrigérant (ice pack), tout en ayant des propriétés antimicrobiennes. Au congélateur ou à température ambiante, la matière ne change pas de forme. Contrairement aux blocs réfrigérants, qui contiennent un liquide toxique, cette nouvelle gélatine peut être compostée à la fin de sa vie utile, après une quinzaine de cycles froid-chaud.
Des emballages en résidus végétaux
Les cartons d’œufs sont faits en résidus végétaux depuis des décennies. Mais l’extension à d’autres types d’emballages, et surtout l’utilisation d’autres résidus que ceux de bois, connaît une avancée significative ces dernières années. « On parle maintenant de résidus de café, de vignes, de céréales et de fruits et légumes qui sont utilisés pour fabriquer des emballages après la récolte, dit Mme Buzby. Et on peut maintenant faire des emballages plus lisses et même hydrophobes. »
Congeler à volume constant
Une méthode de congélation utilisée pour préserver les organes humains pour les greffes pourrait-elle révolutionner le marché des aliments surgelés ? Des chercheurs de l’Université de Berkeley pensent que oui et Mme Buzby est d’accord avec eux. La congélation « isochore » consiste à augmenter la pression dans la chambre de congélation au fur et à mesure qu’on abaisse la température. Cela permet d’éviter les températures très basses, en bas de -20 oC, utilisées dans les processus actuels de congélation très rapide des aliments en usine, la fameuse surgélation. La congélation isochore permettrait l’utilisation de congélateurs moins froids, donc moins énergivores, dans les entrepôts, et moins de dommages aux aliments quand ils sont stockés dans les congélateurs des supermarchés et des domiciles.