Les adolescents qui utilisent beaucoup leur cerveau accélèrent sa maturation, selon une nouvelle étude montréalaise. Cela pourrait diminuer leur risque de troubles psychiatriques au début de l’âge adulte.

Connexions

Plus une région du cerveau a de récepteurs neuronaux à l’adolescence, plus elle est active, plus elle connaît une maturation rapide. Telle est la conclusion de l’étude publiée à la mi-octobre dans la revue PNAS par Tomas Paus, neurobiologiste à l’Université de Montréal et au CHU Sainte-Justine.

« Plus il y a de neurotransmetteurs dans une région du cerveau, plus il y a d’activité cérébrale potentielle », explique M. Paus en entrevue. Il fait partie d’un groupe de chercheurs internationaux qui a enregistré à trois reprises l’activité cérébrale de 532 ados de 14 à 22 ans.

Maturation

Les dendrites – des récepteurs d’information, par exemple des stimuli – sont sculptés par le processus d’amincissement du cerveau, à l’adolescence et au début de l’âge adulte. Cet amincissement vise aussi la couche de myéline entourant les axones, qui émettent des informations, par exemple des directives à l’intention des autres neurones ou des muscles. La maturation du cerveau doit donc être ni trop rapide ni trop lente. « Une étude au Saguenay montre que, dans certains cas, les inégalités sociales peuvent mener à une maturation trop rapide du cerveau », dit M. Paus.

Schizophrénie

Une maturation adéquate du cerveau protège potentiellement contre certains troubles psychiatriques. « Quand le cerveau n’a pas connu une maturation adéquate, il peut être plus vulnérable à la confusion. Par exemple, la schizophrénie est un trouble de représentation du monde extérieur. Si on ne peut pas bien interpréter le monde extérieur, on peut mal interpréter certaines situations, avoir des illusions, des hallucinations. » Une maturation adéquate du cerveau peut aussi potentiellement protéger contre la psychose liée à certains intoxicants, comme le cannabis.

Réseaux sociaux

Faut-il favoriser l’étude, le sport, les arts ? « L’important, c’est d’avoir des expériences, des amis, un premier amour, dit M. Paus. C’est comme ça que le cerveau devient plus actif et connaît une bonne maturation. » Mais attention, il faut des rencontres en personne, pas par l’entremise d’un écran sur les réseaux sociaux. « On sait par exemple que les bébés apprennent moins bien le langage par un écran qu’avec le contact avec une personne. Il y a une foule d’informations qui sont perdues avec l’interaction par un écran. »