Québec s’attaque à l’attente pour des services en santé mentale, souvent périlleux et longs à obtenir dans la province. Pour renverser la tendance, le gouvernement demandera aux établissements de santé d’augmenter le nombre d’évaluations et d’interventions, autant chez les jeunes que chez les adultes.

Afin de diminuer les listes d’attente, le personnel à temps partiel sera invité à réaliser du temps complet de façon volontaire pendant quelques semaines. Les travailleurs à temps complet, y compris les orthophonistes, les audiologistes, les psychoéducateurs et les physiothérapeutes, pourront quant à eux réaliser des heures supplémentaires.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a bon espoir que le personnel se portera volontaire. « Contrairement à nos infirmières, nos employés de première ligne ont beaucoup moins la chance de faire des heures supplémentaires. » Il soutient d’ailleurs que ce modèle a été testé dans le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal et s’est avéré concluant. « On a déjà une preuve que ça peut fonctionner. »

« La charge et la lourdeur d’avoir des patients en attente, ça pèse lourd sur les professionnels », soutient la présidente de l’Association des pédiatres du Québec, la Dre Marie-Claude Roy. Elle se réjouit qu’il y ait de nouvelles balises pour le personnel qui souhaite réaliser des heures supplémentaires, afin de diminuer le temps d’attente.

Si ce n’est que trois ou quatre semaines de blitz, ça va être plusieurs enfants de plus qui seront vus et pour les familles, ça aura un impact significatif.

La Dre Marie-Claude Roy, présidente de l’Association des pédiatres du Québec

À la fin de février, tout près de 16 000 personnes étaient en attente d’un service de première ligne en santé mentale, selon les données du ministère de la Santé. C’est 4500 de plus qu’à la même période en 2021. Si l’attente a légèrement diminué pour les jeunes, la liste a bondi de 72 % chez les adultes.

Solliciter le personnel des autres régions

Les professionnels auront l’occasion de réaliser leurs dossiers administratifs en fin de journée ou en soirée, afin d’augmenter le nombre de services offerts durant les heures d’ouverture. Les heures d’ouverture des services pourront d’ailleurs être prolongées.

« En ce moment, quand on voit un client, on entre tout de suite les notes dans les dossiers et c’est beaucoup de manipulations informatiques. Des fois, entre deux clients, ça devient ardu de se concentrer », explique la présidente de l’Association des médecins psychiatres du Québec, la Dre Claire Gamache.

Les régions où les listes d’attente sont exhaustives et où le personnel est limité seront invitées à solliciter le personnel d’autres CISSS et CIUSSS du réseau.

L’objectif de ces mesures est de faire « un électrochoc », afin de diminuer rapidement le nombre de patients en attente de services, soutient le ministre Carmant. Les CISSS et CIUSSS devaient remettre leur plan d’action pour diminuer les listes d’attente au plus tard le 15 avril. « Par la suite, les mesures vont pouvoir commencer », dit-il.

Ces mesures seront financées par l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) à hauteur de 40 millions sur deux ans. Quelque 20 millions seront destinés aux services en santé mentale et 20 millions seront réservés aux services offerts aux jeunes, notamment en orthophonie ou en audiologie ou aux jeunes vivant avec une déficience physique, une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme.

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