Le message de la santé publique a été entendu : près de 5000 Québécois se sont fait vacciner contre la rougeole pendant la semaine de relâche, au moment où la maladie fait son retour dans la province, avec 17 cas confirmés.

Où en sommes-nous avec la rougeole au Québec ?

La rougeole a fait son arrivée au Québec dans les dernières semaines, au moment où la maladie se propage rapidement dans le monde. Jusqu’à présent, 17 cas ont été confirmés, principalement dans la grande région de Montréal.

Plusieurs ont contracté la maladie en côtoyant un enfant infecté au CHU Sainte-Justine, a indiqué à La Presse le DLuc Boileau, directeur national de santé publique du Québec. Cette transmission rapide à l’hôpital n’étonne pas le professeur en maladies infectieuses à l’Université McGill Brian Ward.

La rougeole est probablement le virus le plus transmissible qui infecte les humains.

Brian Ward, professeur en maladies infectieuses à l’Université McGill

Une personne infectée dans un auditorium pourrait aisément infecter toutes les personnes non vaccinées dans la salle, donne M. Ward en guise d’exemple.

Comment se protéger ?

La vaccination est la façon la plus efficace de se protéger. Deux doses de vaccin protègent à 95 % contre la maladie, et ce, pour toute la vie.

Au début de la relâche, la Santé publique a fortement encouragé la population à se faire vacciner. L’appel a été entendu.

Du 3 au 7 mars, soit pendant les premiers jours de la relâche scolaire, 4932 doses du vaccin contre la rougeole ont été administrées, selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

C’est une augmentation par rapport à janvier et février, où 3775 vaccins contre la rougeole ont été administrés en moyenne chaque semaine. « Le MSSS s’attend à ce que les données de vaccination augmentent au cours des prochaines semaines avec le déploiement d’activités de vaccination plus circonscrites et la vaccination scolaire », a indiqué Francis Martel, des relations avec les médias.

Les adultes nés avant 1970 n’ont pas besoin de se faire vacciner. Ils sont considérés comme immunisés en raison de la grande circulation du virus lorsqu’ils étaient plus jeunes.

Est-ce qu’il y a un risque d’éclosion de rougeole dans les écoles ?

C’est possible. À l’heure actuelle, le taux de vaccination des jeunes dans les écoles, qui varie entre 82 et 88 %, n’est pas suffisant pour prévenir la transmission de la rougeole, a prévenu la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal avant la relâche scolaire.

Dans certaines écoles de la métropole, la couverture vaccinale est d’aussi peu que 30 %. Pour éviter la transmission, il faut plutôt un taux de vaccination populationnel supérieur à 95 %.

Dans les prochains jours, des équipes de la Santé publique contacteront les parents d’enfants non vaccinés pour les inciter à faire vacciner leurs enfants. « Avec l’information publique qui circule, ça devrait encourager davantage les parents à faire en sorte que leurs enfants soient vaccinés », estime le DBoileau.

Quels sont les risques d’une infection ?

Les principaux symptômes de la rougeole sont généralement une fièvre élevée, une toux, un écoulement nasal, des yeux rouges, un malaise généralisé et des rougeurs d’abord sur le visage puis sur le corps.

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Éruptions cutanées causées par la rougeole

Or, il y a « un grand risque de complications sévères », précise Brian Ward. Ces complications sont, entre autres, la cécité, la surdité et des séquelles neurologiques permanentes. Environ 1 personne sur 2000 va se retrouver avec des problèmes neurologiques pour la vie à la suite de l’infection, indique M. Ward.

Les personnes qui risquent le plus de subir des complications de la maladie sont les bébés âgés de moins de 1 an, les personnes dont le système immunitaire est affaibli et les femmes enceintes qui ne sont pas adéquatement vaccinées contre la rougeole.

Quels sont les freins à la vaccination ?

La pandémie de COVID-19 a occasionné un retard dans les programmes de vaccination partout sur le globe, notamment au Québec. « Durant la période pandémique, surtout au début, il y a eu tellement de services qui ont été perturbés, ce qui fait en sorte que certains sont passés à côté [de la vaccination], donc on a eu une petite baisse à ce moment-là », explique le DBoileau.

Pendant la pandémie, certaines personnes se sont mises à remettre en question l’utilité de la vaccination, indique le DBoileau. La majorité d’entre elles ne refusent pas la vaccination de façon catégorique. « C’est plutôt une hésitation », dit-il.

Le vaccin contre la rougeole n’a pas toujours eu bonne presse. En 1998, un gastro-entérologue britannique, Andrew Wakefield, a faussement montré une corrélation entre le vaccin rougeole-oreillons-rubéole et l’autisme. Ces résultats ont été abondamment repris et médiatisés. Bien qu’il ait été démontré que le Dr Wakefield avait falsifié ses données, et qu’il ait été radié de l’Ordre des médecins britannique, certaines personnes demeurent à ce jour craintives.

À quand remontent les dernières éclosions ?

1989 : Plus importante épidémie depuis l’introduction du programme de vaccination contre la rougeole dans les années 1970. Plus de 10 000 personnes sont touchées, en majorité des jeunes d’âge scolaire.

2007 : Une éclosion touche 99 personnes dans plusieurs régions du Québec. L’Estrie et la Montérégie enregistrent le plus grand nombre de cas.

2011 : Une importante éclosion de rougeole touche 776 Québécois, dans plusieurs régions de la province. La majorité des personnes infectées sont des jeunes âgés de 5 à 19 ans.

2015 : Entre janvier et avril, une éclosion de rougeole survient dans la région de Lanaudière. Au total, 159 personnes sont infectées. Aucune n’était vaccinée.

2019 : La dernière éclosion de rougeole au Québec remonte à 2019, où une trentaine de cas avaient été confirmés.

Source : ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec