Une étudiante a lancé un cri du cœur mardi après avoir échoué pour la troisième fois à l’examen d’admission à la profession infirmière. N’ayant pas les moyens de tenter un nouvel essai, elle annonce mettre fin à son rêve de devenir infirmière.

Ce qu’il faut savoir

  • Près de la moitié des étudiants en soins infirmiers qui passaient l’examen d’admission à la profession pour la première fois en septembre et en mars ont échoué.
  • Le commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, a révélé la semaine dernière avoir noté plusieurs failles dans l’examen. En réaction à ces conclusions, l’OIIQ a annoncé qu’il remplacerait son examen dès 2024.
  • Des étudiantes désemparées d’avoir échoué à l’examen ont témoigné à La Presse. L’une d’elles mettra fin à son rêve de devenir infirmière.

« Aujourd’hui, je dis au revoir au rêve d’être infirmière en milieu communautaire, infirmière pour la santé de la femme, infirmière dans les écoles, infirmière dans les communautés autochtones et j’en passe. Aujourd’hui je dis ‟bye” à ma profession de rêve », a témoigné Clémence Fortin dans une publication Facebook mardi.

La jeune femme a échoué à l’examen d’admission à la profession infirmière qui s’est tenu en mars dernier, comme des centaines d’autres étudiantes. « Je pourrais refaire l’examen une quatrième et dernière fois, par contre, je n’ai pas la force mentale, l’énergie et l’argent que tout ce processus d’examen engendre », écrit-elle dans sa publication.

Les droits d’inscription à l’examen sont de 638,11 $ à chaque tentative. « Donc, dans mon cas, c’est 1914,33 $ en 1 an. Sans compter les applications ou le tutorat qu’on paye pour étudier l’examen ou les livres au cours du parcours scolaire », a-t-elle dit à La Presse.

Faible taux de réussite

L’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) a de nouveau enregistré un taux d’échec disproportionné lors de sa dernière édition, en mars dernier, a-t-on annoncé lundi.

Le taux de réussite de l’examen de mars pour les candidats qui le passaient pour la première fois a été de 53,3 %, tandis que celui chez les personnes diplômées à l’extérieur du Canada a été de 37 %. Ce faible taux de réussite rappelle l’examen de septembre, où seulement 51,4 % des candidates avaient obtenu la note de passage.

En novembre, le commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, avait été chargé d’enquêter sur les raisons ayant entraîné ce taux d’échec anormalement élevé. Il a révélé la semaine dernière que l’examen de l’Ordre comportait des failles et il remet en cause la qualité des questions et des notes de passage haussées sans justification suffisante.

À la suite de ses observations, le commissaire invitait l’Ordre à se questionner sur la pertinence et l’utilité d’un examen, à améliorer son examen ou à envisager d’utiliser un autre examen pertinent à la profession infirmière.

En convenant que certains éléments de l’examen actuel devaient être améliorés, l’OIIQ a annoncé jeudi qu’il remplacerait dès 2024 son examen d’admission par l’examen NCLEX-RN, utilisé dans les autres provinces canadiennes et aux États-Unis. L’examen prévu en septembre 2023 conservera toutefois sa forme actuelle.

« Faire une différence »

L’étudiante, Clémence Fortin, se questionne sur la pertinence de cet examen d’admission. « Faire trois ans de DEC, des stages et un examen synthèse de fin de parcours, pourquoi n’est-ce pas suffisant ? Pourquoi laisser un examen à choix de réponse [déterminer] qui est ou n’est pas une bonne infirmière ? », se demande-t-elle. L’examen, qui comporte une centaine de questions à choix de réponse, dure une journée entière. Il a lieu deux fois par année, en septembre et en mars.

La jeune femme adore le métier pour lequel elle a étudié. Pendant la pandémie, elle a participé pendant presque deux ans à la campagne de vaccination contre la COVID-19, « pour aider la population et le système de santé », dit-elle, en plus d’avoir un deuxième emploi.

« Pour moi, la profession infirmière, c’est plus que d’aider son prochain, c’était pour moi une profession dans laquelle je pouvais faire une différence. Je voulais faire une différence, faire voir aux gens que malgré le système de santé un peu défectueux, il y a des gens humains qui y travaillent et sont là pour eux », confie-t-elle.

Des étudiantes désemparées

D’autres étudiantes ont témoigné à La Presse du désespoir qu’elles ont ressenti en apprenant lundi qu’elles avaient échoué à l’examen de mars. « Mon monde s’est écroulé, car je savais pertinemment que je méritais de le passer », a confié l’une d’entre elles.

L’étudiante a terminé sa technique en soins infirmiers en mai 2022, après avoir réussi tous ses stages et ses examens. « J’ai passé haut la main un examen synthèse de programme à la fin de mon DEC qui englobait tout ce que j’avais appris lors de mon parcours en tant qu’étudiante en soins infirmiers », ajoute-t-elle. Elle étudie aujourd’hui au baccalauréat en sciences infirmières et obtient des notes entre 80 et 85 %.

En septembre 2022, elle avait obtenu 54 %, soit 1 point de pourcentage sous la note de passage. À l’examen de mars, le même scénario s’est produit. « Je suis à nouveau à 1 point de réussir l’examen le plus important de toute ma vie. J’étais si près du but. Je suis dévastée, comme c’est le cas pour d’autres collègues qui ont une fois de plus échoué à cet examen. »