Le projet de loi visant à rendre plus efficace le réseau de la santé suscite la grogne des syndicats en santé. On accuse le ministre Christian Dubé d’un manque de « négociations sérieuses » et de ne pas « s’attaquer aux véritables problèmes de fond ».

« L’absence générale d’écoute et de discussions a des répercussions sur tout un climat de travail au détriment des besoins des patients », a déclaré par voie de communiqué le DVincent Oliva, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). La fédération dénonce le manque de discussions et de « négociations sérieuses » avant le dépôt du projet de loi et « l’attitude de confrontation du MSSS ».

Dans cette réforme, Québec fusionnera entre autres l’ancienneté syndicale des employés à travers la province, mettra fin aux conseils d’administration régionaux et nommera des directeurs généraux dans tous les grands établissements. Le gouvernement Legault a également l’intention d’obliger les médecins spécialistes à prendre davantage en charge les patients partout sur le territoire. Ils devront également offrir une meilleure disponibilité aux urgences et accepter des horaires défavorables, après 16 h notamment.

« Il est profondément inacceptable de laisser croire que les médecins spécialistes ne sont plus présents dans les hôpitaux après 16 h. Partout au Québec, les médecins spécialistes sont mobilisés pour assurer des gardes 24 heures sur 24 afin de prendre soin de leurs patients. Laisser entendre le contraire démontre une grande méconnaissance de notre travail et de notre quotidien », a indiqué le DVincent Oliva.

Mesurer l’impact sur le personnel

De son côté, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) se questionne sur l’impact de cette réforme sur le personnel. « C’est quoi que ce projet-là va avoir comme impact positif pour l’ensemble des professionnels en soins du réseau public de la santé ? Parce qu’actuellement, je ne le vois pas », a déclaré à La Presse Julie Bouchard. La présidente de la FIQ s’inquiète pour la « stabilité des équipes » et le « sentiment d’appartenance des professionnels en soins ».

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec se dit pour sa part en faveur de la nouvelle société d’État, Santé Québec. « On a quand même milité en faveur de dépolitiser le réseau de la santé, donc on ne peut pas être en désaccord ça », soutient le président, le DMarc-André Amyot. Il note toutefois que certaines « choses » dans le projet de loi sont « préoccupantes », mais se dit prêt à continuer de collaborer avec le gouvernement.

À terme, les employés du réseau auront un seul employeur, Santé Québec, plutôt que les 34 employeurs locaux. « Malgré ce que le ministre dit, on assiste à une plus grande centralisation du réseau. Ce n’est pas parce qu’on déplace le focus du ministère à une agence qu’on décentralise », dénonce la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Le gouvernement mettra également fin aux conseils d’administration régionaux et nommera des directeurs généraux dans tous les grands établissements qui se rapporteront directement à la nouvelle société d’État, Santé Québec. « À première vue, on semble encore brasser les structures et jouer dans les organigrammes, sans nécessairement s’attaquer aux véritables problèmes de fond », a déclaré par communiqué le secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Luc Beauregard.

« La recette parfaite pour aggraver la situation »

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a dénoncé « avec fermeté » le projet de loi, dû à « l’absence de consultation » des employés avant son dépôt. « Ça fait des décennies que les gouvernements successifs répètent les mêmes erreurs. Centraliser toujours plus et consulter toujours moins, c’est la recette parfaite pour aggraver la situation », a déclaré par voie de communiqué Robert Comeau, président de l’APTS.

L’APTS souhaite rendre le réseau de la santé plus efficace, mais se dit préoccupée par les effets de la fusion des listes d’ancienneté. « Inévitablement, cette proposition va créer de l’instabilité dans des équipes de travail, de même que des tensions entre collègues », dit-il.

De son côté, la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) s’est dite en faveur d’améliorer l’accès aux médecins de toutes les spécialités. « […] Nous ne pouvons pas accepter que le ministre Dubé tente de régler les enjeux d’accès aux soins et services de santé en région au Québec sur le dos de la relève médicale », a toutefois déclaré par écrit la présidente de la FMRQ, la Dre Jessica Ruel-Laliberté.