Des infirmières ont manifesté dimanche devant l’hôpital Sainte-Croix de Drummondville contre la « gestion désorganisée » du travail du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, au lendemain d’un jugement du Tribunal administratif du travail (TAT) ordonnant au syndicat de cesser ses moyens de pression et « d’inciter ses membres à démissionner en bloc ».

« Aujourd’hui, on ne manifeste pas pour que les infirmières ne fassent pas une fin de semaine sur trois. C’est beaucoup plus large que ça. Présentement, l’employeur, ce qu’il veut faire en Mauricie, ce sont des grosses fusions de centres d’activité », a martelé la présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Patricia Mailhot, devant les caméras.

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Patricia Mailhot, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Elle maintient qu’une infirmière « ne peut pas devenir spécialisée dans de nombreux domaines ». « On ne peut pas devenir une infirmière spécialisée au bloc opératoire, à l’urgence, en médecine, en chirurgie. C’est impossible », a poursuivi Mme Mailhot. « C’est comme si on demandait à un médecin qui est psychiatre, du jour au lendemain, de faire une opération », a-t-elle aussi soulevé.

Plus tôt, le TAT avait tranché que le syndicat, affilié à la FIQ, devait arrêter ses moyens de pression, ce qui comprend la menace de démission en bloc du personnel infirmier. La juge Myriam Bédard interdit aux travailleuses de démissionner dans cet effort de mobilisation. Elle exige aussi que les employées retirent leurs démissions déposées dans le contexte des moyens de pression.

D’après le tribunal, ces mesures privent ou sont susceptibles de priver la population d’un service auquel elle a droit. Tout cela survient parce que le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a récemment annoncé des modifications forcées des horaires de travail du personnel infirmier. Cela comprendrait l’imposition de devoir travailler certaines fins de semaine.

Des « numéros »

Sur les réseaux sociaux, des images de la manifestation montrent une foule dense devant l’établissement de santé. Des centaines de personnes ont participé à la marche suivant la manifestation, selon le syndicat. « Nos conditions violées par la PDG, c’est assez », pouvait-on notamment lire sur l’une des pancartes.

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Manifestation à Drummondville

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) de la Mauricie–Centre-du-Québec était aussi sur place. « Nous avons des différences, mais nous partageons le même employeur. Nous vivons aussi sa gestion désorganisée qui a des impacts. Tout comme vous, nous souhaitons préserver les services à la population et leur qualité », a affirmé Véronique Neth, présidente de l’APTS Mauricie–Centre-du-Québec.

Elle soutient que l’employeur n’a « jamais été de l’avant avec aussi peu de considération » pour ses « numéros ». « Nous savons que les décisions de l’employeur détériorent nos conditions de travail et que cela a des impacts sur les services à la population. Nous sommes solidaires, et nous continuerons de réclamer d’être impliqués dans les solutions. Il faut agir ensemble », a insisté Mme Neth.

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Manifestation à Drummondville

« Le statu quo n’est plus possible », dit le CIUSSS

Par courriel, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec a indiqué dimanche que « la pression vécue par le personnel qui travaille dans des secteurs ouverts 7 jours – les urgences, les unités d’hospitalisation, les CHSLD – a atteint un point de bascule qui nous amène à modifier les horaires pour le personnel infirmier ».

« Au cours des derniers mois, plusieurs actions ont été déployées, par exemple du recrutement intensif, autogestion et planification d’horaires de travail en proximité dans les équipes, mise en place de postes de commandement dans chaque territoire, optimisation des titres d’emploi, etc., mais celles-ci n’ont malheureusement pas permis de redresser la situation », affirme la porte-parole, Caroline Morin.

Elle soutient que pour Drummondville seulement, « 310 quarts de travail infirmiers étaient non comblés la fin de semaine en février ». « Le taux de temps supplémentaire à l’urgence de l’hôpital Sainte-Croix était de 17 % la semaine et de 40 % la fin de semaine. Un dimanche de février, sur le quart de soir, c’est 80 % des quarts qui ont dû être comblés par du temps supplémentaire », précise encore Mme Morin.

Rehausser le personnel infirmier à une fin de semaine sur trois est la mesure « qui nous permettra de combler le plus grand nombre de quarts de travail défavorables, notamment les week-ends, et ainsi contribuera à diminuer le recours au temps supplémentaire et au temps supplémentaire obligatoire ». « Le statu quo n’est plus possible. Les équipes des secteurs ouverts 7 jours sont en souffrance », conclut la porte-parole.

Avec La Presse Canadienne