(Montréal) Presque la totalité des cas de sepsie examinés par l’Association canadienne de protection médicale (ACPM) lors d’une récente enquête mettait en cause le personnel soignant, révèlent des résultats qui ont été partagés avec La Presse Canadienne.

L’ACPM s’est penchée sur 163 dossiers médico-légaux de sepsie conclus entre 2011 et 2020, à savoir des cas où les patients se sont adressés à une instance supérieure (comme les tribunaux ou le Collège des médecins) parce qu’ils étaient insatisfaits des soins reçus.

Une difficulté à diagnostiquer la sepsie et des problèmes de communication sont les deux principales problématiques qui ont été identifiées par l’ACPM.

La sepsie est une réaction extrême et potentiellement mortelle de l’organisme à une infection grave qui peut entraîner une insuffisance fonctionnelle ou un dysfonctionnement des organes. Une prise en charge rapide est cruciale pour améliorer l’issue clinique des patients, mais le problème peut être difficile à identifier.

« Vous pouvez avoir deux patients qui ont le même âge, les mêmes facteurs de risque, et un de ces patients-là va voir une problématique (de sepsie) et l’autre va être complètement correct », a résumé le directeur administratif de l’ACPM, le docteur Armand Aalamian.

Des facteurs liés aux médecins membres de l’ACPM ont été relevés dans 160 des 163 dossiers examinés, notamment une surveillance ou un suivi inadéquats, ou encore l’omission de réaliser un examen ou une intervention, ou d’administrer un médicament.

Une évaluation insuffisante des affections a été identifiée dans 80 % des cas. La moitié des patients impliqués dans les 163 dossiers analysés s’étaient rendus plusieurs fois dans des cliniques de consultation externe avant de voir leurs symptômes évoluer vers une sepsie, et dans près de 40 % des cas, des soins intensifs se sont avérés nécessaires pendant l’hospitalisation.

Les patients ont subi un préjudice grave, comme une amputation ou des lésions cérébrales, dans le tiers des dossiers.

La sepsie, a rappelé le docteur Aalamian, « peut se présenter dans le contexte d’une infection mineure qui se transforme très rapidement en sepsie ».

« Ou ça pourrait être une question de semaines avant que ça devienne vraiment problématique, a-t-il ajouté. C’est important de regarder l’ensemble des symptômes de quelqu’un qui revient souvent (consulter un médecin). Il faut […] garder la sepsie en tête, parce que ce n’est pas toujours la première chose à laquelle les médecins pensent. »

Des problèmes de communication ont par ailleurs été identifiés dans de nombreux dossiers, que ce soit entre les professionnels de la santé ou entre les médecins, les patients et leur famille.

L’analyse rétrospective de l’ACPM visait à cibler les éventuels signes avant-coureurs d’un risque de sepsie grave, les caractéristiques des patients et les éléments des soins de santé ayant contribué aux retards dans le diagnostic de la sepsie ainsi que les occasions d’amélioration.

L’Association entend utiliser les données de cette enquête pour développer un outil d’éducation à l’intention des médecins.