(Québec) Insatisfait des progrès, le ministre Christian Dubé montre des signes d’agacement devant le nombre de chirurgies « hors délai » en oncologie qui augmente. Il demande aux médecins spécialistes de lui présenter « un plan spécifique » de rattrapage.

« Je n’aime pas les résultats que nous avons en ce moment », a lancé le ministre de la Santé en réponse au député libéral de Pontiac, André Fortin. Le porte-parole libéral en matière de santé talonnait le ministre sur la liste de patients en attente d’une chirurgie en oncologie qui continue d’augmenter.

« En avril dernier, le ministre nous présentait des chiffres où il y avait 400 patients hors délai en chirurgie oncologique et il nous disait que c’était sa priorité. En novembre, il nous présentait des chiffres où il y avait 600 patients hors délai et il nous disait que c’était sa priorité. Aujourd’hui, il nous présente des chiffres où il y a 748 patients oncologiques hors délai et il nous dit encore que c’est sa priorité », a décoché M. Fortin.

« La bonne chose, s’il y a une bonne chose là-dedans, c’est qu’au moins on s’entend sur les chiffres », a rétorqué le ministre Dubé au Salon bleu.

Christian Dubé a expliqué que les travaux se poursuivent avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) pour trouver des solutions, à l’instar de ce qui a été fait par la cellule de crise des urgences. Mais, les progrès réalisés jusqu’à présent ne le satisfont pas. Les établissements où le volume de chirurgies hors délai est plus important ont aussi été ciblés par le Ministère.

« J’ai demandé au DOliva [Vincent, président de la FMSQ] de me revenir avec un plan spécifique », a souligné le ministre. « On a eu des succès dans les urgences parce que tout le monde s’est mis à travailler ensemble. Il y a un équilibre entre les chirurgies et les urgences. Maintenant, ils doivent me démontrer qu’ils peuvent aussi bien exécuter un plan sur les chirurgies », a-t-il poursuivi.

J’ai déjà dit : je ne peux pas opérer pour eux. J’aimerais bien ça le faire, mais je n’ai pas cette compétence-là.

Christian Dubé, ministre de la Santé

Christian Dubé explique que les délais sont à la hausse entre autres parce que les mois de janvier et février sont « les pires » pour faire du rattrapage notamment en raison de l’achalandage accru aux urgences durant cette période. « Il y a un ralentissement dans les blocs opératoires. C’est malheureux, mais c’est comme ça », a-t-il ajouté en Chambre.

Les médecins « sont extrêmement mobilisés », assure la FMSQ

« Les médecins spécialistes sont extrêmement mobilisés pour la réduction des listes d’attente. Il faut cependant considérer qu’ils n’ont pas le contrôle sur l’accès aux salles d’opération », a réagi jeudi le DVincent Oliva dans une déclaration transmise par courriel.

Lors d’une entrevue réalisée à la mi-janvier, la FMSQ expliquait à La Presse que les médecins spécialistes sont au rendez-vous, mais que leurs moyens demeurent limités en raison de la pénurie de personnel. « C’est quand même tout un casse-tête réduire ces listes d’attente là », soulignait le DOliva.

« Les blocs opératoires fonctionnent encore au ralenti. Dans la région métropolitaine, les blocs fonctionnent en moyenne à 70 % de leur capacité », illustrait-il.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le DVincent Oliva

La COVID a été un catalyseur, elle a précipité cette crise-là [de ressources humaines]. La COVID n’est plus un facteur significatif, mais on en subit encore les conséquences parce que cela a créé un certain exode [des travailleurs].

Le DVincent Oliva, président de la FMSQ

Une solution sur la table serait d’arriver au moins à allonger les heures d’activités des blocs opératoires le jour. La FMSQ plaide par ailleurs pour une gestion plus locale des opérations pour déterminer de solutions applicables et réalistes dans chacun des milieux.

« Si on nous demande une augmentation globale de notre performance […] et qu’on garde exactement les mêmes plateaux techniques, sans les rehausser en nombre d’heures de disponibilité, bien on nous demande probablement l’impossible », exprimait également le vice-président de la FMSQ, le DSerge Legault.

Le gouvernement Legault veut mettre les bouchées doubles pour rattraper particulièrement les opérations en attente depuis plus de 12 mois. La liste tourne autour de 20 000 personnes. En avril 2022, Christian Dubé disait vouloir revenir au niveau prépandémique, toujours pour les chirurgies en attente depuis un an, d’ici avril 2023. Ce niveau était environ de 3000 avant la crise sanitaire.

En date du 31 décembre, 20 649 patients se trouvaient toujours sur la liste d’attente depuis 12 mois, selon le tableau de bord du ministère de la Santé et des Services sociaux.