(Ottawa) Le ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, a bon espoir de conclure rapidement des ententes bilatérales avec ses homologues des provinces qui permettront d’injecter de nouveaux fonds fédéraux en santé dans les domaines jugés prioritaires comme l’accès à des soins primaires et une réduction des listes d’attente pour des opérations.

Déjà, l’Ontario a manifesté son désir de conclure une telle entente le plus vite possible. M. Duclos et son collègue des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, doivent se rendre ce jeudi à Toronto afin de rencontrer le premier ministre Doug Ford et la ministre de la Santé, Sylvie Jones. M. Duclos souhaite aussi rencontrer son homologue québécois, Christian Dubé, « le plus rapidement possible ».

Dans l’offre fédérale qu’il a soumise aux premiers ministres des provinces mardi, le premier ministre Justin Trudeau a réservé une enveloppe de 25 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années pour conclure des ententes bilatérales. Cette somme fait partie des 46,2 milliards de dollars de financement nouveau qu’Ottawa a mis sur la table afin de redresser les réseaux de la santé à travers le pays au cours de la prochaine décennie.

Cette offre a été jugée « insatisfaisante » par les dirigeants provinciaux, qui réclamaient une hausse annuelle de 28 milliards dès le prochain budget. Mais tout indique que le premier ministre de l’Ontario veut régler ce dossier dans les prochains jours.

Les montants que nous avons annoncés auront du sens seulement s’ils se traduisent en résultats pour les patients et pour les travailleurs de la santé.

Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé du Canada, dans une entrevue accordée à La Presse

Malgré les doléances des premiers ministres, M. Duclos a soutenu que les provinces ont une marge de manœuvre financière suffisante dans l’immédiat pour entreprendre un travail de redressement et de modernisation. Il a noté que plusieurs provinces prévoient enregistrer un surplus cette année, tandis que le gouvernement fédéral doit encore composer avec un déficit en raison des efforts financiers déployés durant la pandémie de COVID-19.

Il a fait valoir que les provinces recevront en tout 6 milliards de plus durant le prochain exercice financier (2023-2024) qui commence le 1er avril – soit une hausse des transferts en santé de 4,2 milliards en plus du montant forfaitaire de 2 milliards – afin de répondre aux pressions immédiates sur les systèmes de soins de santé.

« Cela représente pas loin d’une augmentation de 15 % des transferts pour la prochaine année, a relevé le ministre. Nous voulons renforcer les actions qui sont déjà prises par les provinces. Dans le cas du Québec, on connaît le plan solide de Christian Dubé qui, sans surprise, s’oriente autour des priorités communes comme la santé familiale, les travailleurs, la santé mentale et un système de santé moderne qui utilise mieux les données pour sauver des vies et protéger la santé des gens. »

Un gouvernement « sans le sou », dit Poilievre

Pour sa part, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a indiqué mercredi qu’un futur gouvernement conservateur maintiendrait la hausse des dépenses en santé annoncée par M. Trudeau. Il a toutefois refusé de dire s’il comptait augmenter davantage les transferts aux provinces.

« Le système de santé est brisé et le gouvernement fédéral est sans le sou, a déclaré le chef conservateur. Nous regrettons que le premier ministre ait fait sauter la banque fédérale et gaspillé tant d’argent qu’il ne puisse plus aider à soulager la souffrance dans nos salles d’urgence et réduire nos files d’attente qui sont devenues incontrôlables. »

M. Trudeau a été contraint de défendre son plan en santé aux Communes durant la période des questions. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a soutenu que le gouvernement fédéral ne fait qu’indexer le sous-financement des soins de santé.

« Est-ce que le premier ministre pourrait oublier le “monologue sans négociation” [de mardi] et faire des virements bancaires aux provinces et au Québec ? », a-t-il notamment lancé au premier ministre. M. Trudeau a répondu que les Canadiens comprennent « très bien » qu’Ottawa doit faire de nouveaux investissements. « C’est ce que nous sommes en train de faire. Ils savent très bien aussi que l’argent n’est pas l’unique solution. »