La situation s’améliore dans les hôpitaux pédiatriques après un début d’hiver difficile, mais les urgences continuent de déborder au Québec. L’achalandage pourrait même augmenter avec les fêtes de fin d’année, propices à la transmission des virus.

« La situation reste très fragile dans les urgences », prévient la Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec.

Après une légère baisse de l’achalandage à Noël, le taux d’occupation dans les urgences de la province repart à la hausse. Il est monté à 120 % mardi après-midi, selon Index Santé.

Les urgences sont particulièrement débordées dans la région de Lanaudière, qui affichait un taux d’occupation de 158 %. En début de journée, les urgences de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, frôlaient un taux d’occupation de 183 %.

« On ne peut pas rester indifférents à ce qui se passe dans les urgences », prévient le DHoang Duong, médecin interniste qui pratique à l’hôpital Pierre-Le Gardeur.

Lorsque la demande est très élevée, toutes les activités hospitalières sont perturbées. Des opérations peuvent être reportées ou des patients peuvent attendre plus longtemps pour recevoir des soins.

À Montréal, les urgences de l’hôpital Royal Victoria ont atteint mardi un taux d’occupation de 212 %, et celles de l’hôpital de Verdun, de 192 %. Les urgences de l’Hôpital général de Montréal, de l’Hôpital général juif et de l’hôpital Santa Cabrini avaient toutes un taux d’achalandage de 130 % ou plus.

De plus, les régions de la Montérégie (136 %), du Centre-du-Québec (133 %), de l’Outaouais (127 %), de Laval (124 %) et de l’Estrie (122 %) avaient toutes des indicateurs dans le rouge.

« La situation est tendue dans les hôpitaux actuellement pour le personnel et les patients », souligne le DDuong, qui rappelle à la population de ne pas fréquenter de personnes malades ou vulnérables en cas de symptômes.

Accalmie dans les hôpitaux pédiatriques

Bonne nouvelle : après plusieurs semaines très difficiles, la situation s’améliore enfin dans les urgences pédiatriques. « On voit que les chiffres sont un peu meilleurs », note la Dre Morris.

Les urgences du CHU Sainte-Justine avaient un taux d’occupation de 63 % mardi, par rapport à 133 % à celles de l’Hôpital de Montréal pour enfants, ce qui demeure néanmoins élevé.

« Sur le plan du temps d’attente pour voir un médecin, ça s’est beaucoup amélioré », observe le DMatthieu Vincent, urgentologue pédiatrique qui siège au conseil d’administration de l’Association des médecins d’urgence du Québec.

Il ajoute que la transmission du virus respiratoire syncytial, qui a frappé les enfants avec force à l’automne, a diminué, ce qui peut en partie expliquer la baisse de l’achalandage, bien que l’influenza circule toujours.

Pas de répit en vue 

Mais la situation reste fragile, et les urgences s’inquiètent d’une hausse des visites dans les prochaines semaines.

Pandémie ou pas, les mois de janvier et février sont toujours la période la plus occupée de l’année, notamment en raison de la circulation des virus pendant le temps des Fêtes. « Là, on se dit : mon Dieu, on est déjà étirés depuis plusieurs mois. Ça nous inquiète », affirme la Dre Judy Morris.

En décembre, le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la cellule de crise des urgences du Grand Montréal ont mis en place un plan de surcapacité qui permettrait aux unités et aux départements d’accueillir un plus grand nombre de patients.

Selon la Dre Morris, le plan « a le potentiel d’aider, mais la question est de savoir s’il est mis en place », car il revient aux établissements de l’appliquer.

La solution d’envoyer les patients sur les étages, c’est peut-être une bonne solution dans les grands centres hospitaliers, mais dans nos hôpitaux, il y a des étages qui sont fermés parce qu’il manque de personnel.

Le DSylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest

Dans la région où exerce le Dr Sylvain Dufresne, en Montérégie, les urgences de l’hôpital du Suroît et du centre hospitalier Anna-Laberge présentaient mardi des taux d’occupation respectifs de 166 % et 153 %.

Menace de rupture de service dans les centres d’appels

Rien pour aider, un syndicat qui représente des répartiteurs de services de santé et d’urgence craint qu’une rupture de service catastrophique puisse éclater dans les centres d’appels du Québec.

La Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ) dénonce une pénurie de personnel devenue insoutenable.

Dans le centre où travaille Stéphane Rainville, président de la Fraternité des répartiteurs médicaux d’urgence des Laurentides et de Lanaudière, il n’est pas rare que quatre répartiteurs effectuent le travail de sept.

« Depuis le mois de janvier, il y a quasiment une vingtaine de personnes qui ont quitté. […] Nous avons engagé sept cohortes depuis janvier, mais nous ne sommes pas capables de les garder », explique-t-il en entrevue. En ce moment, il reste 42 employés, en comptant ceux qui sont en congé de maladie ou de maternité.

Le syndicat exhorte Québec à signer rapidement une convention collective qui assurerait de meilleurs salaires et conditions de travail aux répartiteurs.

Avec La Presse Canadienne