À quelques jours de Noël, Lise Meunier a reçu une bonne nouvelle : après avoir été hospitalisée pendant un mois à l’hôpital Pierre-Le Gardeur à Terrebonne, la patiente a obtenu son congé. Mais avant, son médecin, l’interniste Hoang Duong, lui a adressé cet avertissement : « Il faut absolument éviter de côtoyer des personnes avec des symptômes de grippe ou de COVID durant les Fêtes. Même si elles vous aiment beaucoup. »

« Inquiétez-vous pas. Je vais passer Noël tranquille avec mes enfants. Je vais faire attention », a répondu la patiente.

Lise Meunier est arrivée à l’hôpital en très mauvais état, le 19 novembre. Son diabète était hors de contrôle. « J’étais dans le coma », raconte-t-elle. Après quelques jours aux soins intensifs, elle a pu gagner un étage d’hospitalisation. Spécialiste en médecine interne, le DHoang Duong l’a aidée à prendre du mieux. Il a réajusté sa médication. Le jour du passage de La Presse, le 19 décembre, celui qui est aussi président de l’Association des spécialistes en médecine interne du Québec annonçait à Mme Meunier qu’elle pourrait fêter Noël à la maison. Mais son opération pour le cancer, prévue pour le 23 décembre, devait être reportée en janvier. « Il faut reprendre des forces avant », a expliqué le Dr Duong, après avoir ausculté sa patiente.

Une spécialité méconnue

Dans tous les hôpitaux du Québec, les spécialistes en médecine interne veillent sur les patients atteints de maladies complexes et multiples. « On est un peu l’équivalent des pédiatres, mais pour les adultes », résume la Dre Alyson Baker, qui travaille à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska.

Les internistes ne réalisent pas d’opérations, ne font pas d’accouchements ni de psychiatrie. Mais ils sont spécialisés dans le traitement de toutes les maladies qui touchent les organes internes, résume la Dre Baker.

Les spécialistes en médecine interne adaptent leur pratique en fonction de l’hôpital où ils travaillent. En région, ce sont eux qui veillent sur les patients aux soins intensifs, note la Dre Baker. En zone métropolitaine, ils font surtout de l’hospitalisation. « On prend souvent les patients les plus compliqués. Comme ceux qui sortent des soins intensifs. On est complémentaire aux autres spécialistes », résume le DDuong.

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Le Dr Hoang Duong et son patient Fawzi Aiache

À l’hôpital Pierre-Le Gardeur, le DDuong devait faire une tournée auprès d’une vingtaine de patients, le 19 décembre. Dont Mme Meunier. Après avoir revêtu un équipement de protection contre la COVID-19, il s’est aussi rendu au chevet de Fawzi Aiache. L’homme a contracté le virus en décembre, ce qui a complètement déstabilisé son diabète. Il a dû être hospitalisé durant une semaine. « Il vous reste un ou deux tests à faire, et si les résultats sont beaux, vous pourrez avoir votre congé », a expliqué le DDuong à M. Aiache, visiblement ravi.

Travaillant à l’hôpital Pierre-Le Gardeur depuis 1998, le DDuong traite beaucoup de cas de diabète, d’arthrite et de maladies rénales dans sa pratique. Mais pas uniquement.

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Le DHoang Duong

On intervient souvent chez des patients qui ont plusieurs maladies. L’avantage, c’est qu’on est capable de traiter plusieurs choses à la fois. Ça permet de gagner du temps.

Le DHoang Duong

Nicole Gervais représente bien le « patient type » de médecine interne. Chaque matin, la dame doit prendre 17 médicaments différents pour soigner ses multiples pathologies. « C’est presque un petit-déjeuner ! », lance Mme Gervais en riant.

L’ex-agente de bord a été hospitalisée aux soins intensifs durant quelques jours à l’hôpital Pierre-Le Gardeur avant de pouvoir gagner les étages. Le 19 décembre, elle allait beaucoup mieux. Le DDuong a fait un grand ménage dans sa médication. « J’ai fait beaucoup d’ajustements. Je pense que ça va aider à diminuer vos maux de cœur », a-t-il expliqué. Le médecin s’apprêtait à donner congé à Mme Gervais, qui se disait « totalement satisfaite de ses soins ». « Mais vous allez revenir pour un suivi avec moi en janvier », a prévenu le DDuong.

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Le Dr Hoang Duong et sa patiente Nicole Gervais

Ce dernier explique qu’en vieillissant, plusieurs patients voient leur liste de médicaments augmenter sans cesse. « Souvent, notre travail est de faire le ménage dans tout ça. Parce qu’il y a des interactions entre les médicaments qui ont parfois des effets secondaires importants sur les patients », dit-il.

Dures semaines à venir

Comme plusieurs collègues dans les hôpitaux du Québec, le DDuong et son équipe ont été très occupés durant l’automne avec tous les virus qui ont frappé la population. Comme chaque année, il s’attend à ce qu’il y ait une légère accalmie dans les hôpitaux autour de Noël, avant de voir une explosion de l’achalandage après le jour de l’An.

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« [...] Si les gens peuvent faire leur part et éviter de voir du monde s’ils ont des symptômes, ce sera vraiment un beau geste pour les travailleurs de la santé », dit le DDuong.

« Oui, on est fatigués. On ne peut pas demander au personnel de travailler plus. On comprend la population d’être tannée des virus et d’avoir envie de passer à autre chose. Mais si les gens peuvent faire leur part et éviter de voir du monde s’ils ont des symptômes, ce sera vraiment un beau geste pour les travailleurs de la santé », dit-il.

« Tout ce qu’on peut faire pour éviter la propagation va aider. Si vous avez des symptômes, n’allez pas voir papi et mamie », renchérit la Dre Baker.