Au cours des quatre dernières années, 89 biopsies de la prostate effectuées à l’hôpital de Sept-Îles ont été faites avec un instrument qui n’avait pas été désinfecté adéquatement, a constaté le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord. Devant le risque de transmission du VIH, de l’hépatite B et de l’hépatite C, le CISSS demande aux hommes concernés de prendre rendez-vous pour une prise de sang.

« Aucun usager n’a répondu à l’appel pour une prise de sang jusqu’à maintenant », nous a indiqué le porte-parole du CISSS, Pascal Paradis, mercredi.

Le CISSS a envoyé une lettre à chacun des 89 patients vendredi dernier, puis annoncé le rappel par communiqué mardi.

Les biopsies ont été effectuées entre le 7 novembre 2018 et le 7 mars 2022.

Le CISSS avait alors trois cystoscopes qui arrivaient stérilisés par le service de l’hôpital le matin et étaient utilisés pour les trois premiers patients. Lorsque ces appareils étaient requis pour d’autres examens durant la journée, ils étaient nettoyés par un préposé attitré. « Donc, c’est après trois patients que la procédure de désinfection n’était pas adéquate », résume M. Paradis.

À titre préventif

Un membre du personnel ayant émis un doute sur la procédure, le CISSS a fait des vérifications auprès du Centre d’expertise en retraitement des dispositifs médicaux (CERDM) de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

C’est ainsi qu’un rappel et un dépistage ont été recommandés à titre préventif. La prise de sang vérifiera la présence de trois virus potentiellement transmissibles, soit l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH (virus de l’immunodéficience humaine).

« Le délai pour avoir le résultat est de 2 à 3 jours pour l’hépatite B et C, et d’environ 15 jours pour le VIH », précise M. Paradis.

« Le risque d’infection varie de faible à modéré », a fait savoir le CISSS dans son communiqué en citant le CERDM.

La probabilité de trouver, parmi les 89 hommes visés par le rappel, un cas d’infection attribuable au problème de retraitement de ces appareils, aussi appelés pistolets à biopsie de prostate, est « extrêmement faible », nous a précisé l’INSPQ par courriel.

Et compte tenu de la prévalence de ces virus dans la population, la découverte d’un patient positif « ne permettrait pas de mettre automatiquement en cause le bris de retraitement des pistolets à biopsie », fait valoir l’Institut. « Une investigation épidémiologique serait alors nécessaire avant de pouvoir conclure [à un lien]. »

Correctifs apportés

Le CISSS assure avoir pris les mesures requises pour corriger la situation depuis le 7 mars, dont la révision complète de la procédure de désinfection et l’achat d’appareils de biopsie additionnels.

« Nous savons que l’annonce de ce risque potentiel d’infection, bien que faible à modéré, peut susciter des préoccupations chez les personnes concernées et nous regrettons sincèrement tout inconvénient que ceci peut créer », indique-t-il dans son communiqué.

Le CISSS invite les personnes visées par le rappel ayant besoin d’information à téléphoner au 1 833 994-2242, du lundi au vendredi, de 10 h à 18 h.

En savoir plus
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    Nombre d’accidents liés au retraitement des dispositifs médicaux déclarés dans des établissements de santé du Québec en 2020-2021. Sept de ces accidents ont touché plus d’un usager.
    Sources : Inspq et CERDM