L’état de la lutte contre les cancers dans la province est « alarmant », clame la Coalition priorité cancer au Québec. En pleine campagne électorale, le regroupement réitère l’urgence d’agir rapidement et appelle les partis politiques à se doter d’un plan pour combattre ces affections.

« Il y a plus de 20 000 personnes qui décèdent chaque année du cancer au Québec. Si on est capables de se mobiliser et de tout mettre en place pour la COVID-19, pourquoi on ne peut pas faire la même chose avec le cancer ? », demande Eva Villalba, directrice générale de la Coalition priorité cancer au Québec.

Le 2 mai dernier, la Coalition a tenu des états généraux sur la lutte contre le cancer au Palais des congrès de Montréal. Une centaine de professionnels de la santé, chercheurs, cliniciens, patients et organismes communautaires s’était rassemblée pour faire un portrait des défis et des solutions à déployer pour combattre la maladie.

Dans un rapport obtenu par La Presse, le regroupement dévoile les recommandations et les priorités qui sont ressorties de ces échanges. On y trouve notamment l’importance d’assurer le diagnostic précoce des cancers, de favoriser l’adoption de pratiques innovantes et de rendre publiques les données en cancérologie.

Les intervenants y dénoncent également d’importants obstacles à la lutte contre les cancers, notamment la lourdeur bureaucratique, le manque de moyens financiers et l’accès difficile aux données.

« Au Québec, on n’a pas fait du cancer une priorité, même si c’est la cause la plus importante de décès dans la province. Ça me décourage. Pourtant, c’est un enjeu majeur de société. Tout le monde connaît quelqu’un qui a eu le cancer », se désole Sylvie Breton, qui a coprésidé les états généraux et qui est elle-même atteinte d’un cancer.

Mot d’ordre : prévention

La Coalition demande au gouvernement un plan de lutte contre le cancer sur 10 ans avec des objectifs et des échéanciers publics. « C’est quelque chose qu’on n’a jamais eu, mais qui existe notamment ailleurs au Canada, en Europe et aux États-Unis », indique Mme Villalba.

Cette absence de plan entraîne des conséquences importantes sur toutes les facettes de l’oncologie, telles que les traitements, la recherche, les innovations technologiques et l’accompagnement des patients, indique-t-elle.

Quand tu as un cancer, la seule chose qui te tient en vie, c’est l’espoir. Avec un plan, les patients vont voir que le gouvernement lutte et en fait une priorité. En ce moment, ce n’est pas le cas.

Sylvie Breton, coprésidente des états généraux tenus par la Coalition priorité cancer au Québec

Pour progresser dans la lutte contre le cancer, le Québec doit miser sur la prévention, notamment en réduisant les délais de dépistage et en assurant le diagnostic précoce des cancers, soutient la Coalition. « C’est très bien documenté que les interventions en prévention coûtent moins cher au système de santé à long terme et sont meilleures pour la population que de traiter un cancer », dit Mme Villalba.

Pour y arriver, elle propose de déployer des campagnes de sensibilisation sur les facteurs associés au risque de cancer, tels que le tabagisme, l’infection au virus du papillome humain (VPH), l’alimentation pauvre en fruits et en légumes ou l’exposition à des éléments présents dans l’environnement.

Par ailleurs, la Coalition suggère de rendre accessibles les dispositifs d’autoprélèvement, notamment pour le cancer du col de l’utérus et colorectal à l’aide des ressources de première ligne comme les groupes de médecins de famille et les pharmacies communautaires.

Suivre les données en temps réel

Enfin, la Coalition souhaite que le Québec se dote de tableaux de bord publics et transparents sur les indicateurs principaux en cancérologie, d’ici 2024.

La pandémie nous a habitués à avoir un tableau de bord quotidien pour la COVID-19, alors on exige d’en avoir un sur le cancer.

Eva Villalba, directrice générale de la Coalition priorité cancer au Québec

Ces données permettraient notamment de suivre la variabilité des résultats de santé selon les régions et les populations, pour éviter des situations comme à Rouyn-Noranda avec le surplus de cas de cancer qui en découle.

« Actuellement, dans le Registre québécois du cancer, on a les données seulement jusqu’à 2017. Il nous faut aussi plus de données, sinon on ne peut pas se pencher sur les problématiques de santé de notre population », conclut la directrice.