Les résidants de l’Estrie sont presque tous au fait de la maladie de Lyme, et la majorité s’en inquiètent, mais ils sont beaucoup moins nombreux à prendre les précautions recommandées pour se protéger des tiques, montre une vaste enquête menée dans la région.

Interrogés à savoir s’ils avaient déjà entendu parler de la maladie de Lyme, 96 % des participants ont répondu par l’affirmative. « C’est une bonne nouvelle, parce que le niveau de sensibilisation à la maladie a beaucoup augmenté, du moins en Estrie », souligne Cécile Aenishaenslin, responsable de l’étude et professeure à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Des enquêtes précédentes, notamment pour l’ensemble de la province, avaient montré que la maladie était beaucoup moins connue, indique-t-elle.

Près de la moitié des cas de maladie de Lyme détectés au Québec l’an dernier ont été contractés dans la région sociosanitaire de l’Estrie, qui inclut une partie du territoire administratif de la Montérégie (dont Bromont, Granby et Cowansville).

Si plus de la moitié (55 %) des répondants se sont montrés inquiets à l’idée de contracter la maladie, ils sont beaucoup moins nombreux à prendre les mesures recommandées pour se protéger des tiques qui peuvent la transmettre.

Moins du tiers utilisent régulièrement du chasse-moustiques dans les endroits où il y a des forêts, des boisés ou des herbes hautes, ou vérifient s’ils ont des tiques sur eux après être allés dans un tel environnement.

« Ce n’est quand même pas très élevé », note Mme Aenishaenslin en disant espérer que les habitants des zones plus à risque se protègent davantage.

Le risque d’être piqué par une tique varie en effet beaucoup au sein du territoire.

Un Estrien sur 10 (9,6 %) a dit avoir trouvé une tique sur lui ou sur un membre de sa famille au cours des 12 derniers mois. Mais c’est nettement plus fréquent dans le réseau local de services de La Pommeraie, qui comprend Cowansville, et dans celui de la Haute-Yamaska, où se trouve Bromont (21,8 % et 14 % respectivement), et beaucoup moins (3,4 %) dans celui d’Asbestos, où se trouvent Asbestos et Danville.

Le risque de piqûre est tout à fait proportionnel au temps passé à l’extérieur.

Cécile Aenishaenslin, chercheuse et responsable de l’étude

« Les répondants qui sélectionnaient plus de cinq heures par jour à l’extérieur avaient trois fois et demie plus de risque de contracter une piqûre de tique que ceux qui passaient moins d’une heure par jour », résume Mme Aenishaenslin. « Vous allez me dire que c’est logique, mais c’est la première fois qu’on arrive à quantifier aussi bien ces différences-là. »

Les résultats proviennent des réponses aux questions insérées dans l’Enquête de santé populationnelle estrienne, menée par la Direction de santé publique, à laquelle près de 10 800 résidants ont participé en 2018. L’analyse des résultats se poursuit. « Une des conclusions préliminaires, c’est que ça nous prend une étude longitudinale sur plusieurs années pour essayer de bien quantifier les effets d’adopter ces mesures préventives sur le risque d’être piqué, et sur le risque de contracter la maladie de Lyme. Parce qu’évidemment, ce n’est pas parce qu’on a une piqûre qu’on contracte la maladie de Lyme. »

> (Re)lisez notre dossier sur la maladie de Lyme

L’Instagram de la tique

Si vous trouvez une tique, vous ne pouvez pas l’envoyer vous-même au labo de santé publique. Par contre, vous pouvez envoyer sa photo pour identification à eTick, une plateforme créée par une professeure d’entomologie de l’Université Bishop’s, Jade Savage. Son équipe répond en indiquant l’espèce dont il s’agit, ce qui vous permet de savoir rapidement si c’est une tique à pattes noires, la seule susceptible de transmettre la maladie de Lyme. Seulement le quart des photos reçues des six provinces couvertes entre janvier et août montraient des tiques à pattes noires. « On fournit aux gens une façon de faire rapidement baisser l’anxiété », explique Mme Savage. On indique aussi les ressources à contacter en cas de piqûre, selon la province de résidence. Les photos peuvent être envoyées avec l’application mobile ou sur le site où elles sont publiées.

SOURCE : ETICK.CA

Quelques exemples de tiques identifiées sur le site eTick.ca