Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, se dit « convaincu » que sa réforme du réseau est responsable de la baisse de l'attente aux urgences.

Pour que Québec atteigne sa cible de 12 heures, le gouvernement fédéral devra lui donner un coup de pouce, soutient-il. Or, les signaux en provenance d'Ottawa sont inquiétants selon lui.

La Presse a révélé jeudi que la durée moyenne de séjour dans les urgences du Québec, soit le nombre d'heures qu'un patient passe sur une civière aux urgences avant d'être monté aux étages ou d'obtenir son congé, a été la plus faible en 10 ans. Elle a atteint 15,7 heures en 2015-2016. Il s'agit d'une amélioration d'une heure par rapport à l'année précédente.

Lors d'une mêlée de presse, Gaétan Barrette a affirmé que « le mérite revient aux gens sur le terrain qui ont travaillé fort dans l'esprit de la réforme pour améliorer les choses ». La réduction du temps d'attente n'aurait pu survenir sans sa réforme du réseau selon lui. « Je suis convaincu que si nous avons une amélioration, et nous aurons une amélioration d'ici la fin du mandat, ce sera à cause de la réforme, à la fois la loi 10 et la loi 20 », a-t-il soutenu à la sortie d'une réunion du caucus libéral.

La loi 10 a réduit de 182 à 33 le nombre d'établissements dans le réseau. « Dans bien des endroits, on résout des problématiques locales parce qu'on a brisé les silos. Quand arrive le temps de déplacer tel type de clientèle pour libérer tel type de lits, c'est une chose qui était plus compliquée à faire avant parce qu'il y avait des silos », a plaidé le ministre. La loi 20 impose quant à elle des quotas de patients aux médecins et vise à augmenter l'accès à leurs services.

Gaétan Barrette n'a pas voulu s'engager à respecter sa propre cible de 12 heures d'ici la fin du mandat. « Nous espérons arriver à la cible de 12 heures le plus rapidement possible », s'est-il contenté de dire.

Le ministre compte sur Ottawa pour l'aider à l'atteindre. En campagne électorale, Justin Trudeau a promis de convoquer une rencontre fédérale-provinciale afin de convenir d'une nouvelle entente sur le financement des soins de santé. Or, cet engagement ne semble pas sur l'écran radar d'Ottawa, déplore M. Barrette. « Le gouvernement fédéral s'est engagé à revoir les transferts en santé, il ne le fait pas maintenant. Moi, je m'attendais à ce qu'il y ait des sous en 2016-2017, il n'y en a pas. Je n'ai aucun engagement formel d'une conversation de la part de mon homologue au fédéral pour 2017. »

Ottawa n'a toujours pas investi davantage dans le maintien à domicile des personnes âgées alors qu'il avait promis trois milliards de plus en quatre ans. Comme il n'y a rien pour la première année du mandat, un milliard doit être consenti l'an prochain, réclame M. Barrette. « L'important, c'est d'avoir les ressources pour sortir des hôpitaux les personnes âgées qui ne devraient pas y être. Et ça, ça a un effet en cascade sur les urgences », a-t-il expliqué.

Plus encore, la santé ne figure pas à l'ordre du jour de la rencontre entre le ministre fédéral des Finances et ses homologues provinciaux, qui se tiendra en juin. « Si l'agenda est un indicateur de ce que veut faire le fédéral, bien ce n'est pas bon ! » a lancé M. Barrette.

« Il est clair que la contribution bonifiée (du fédéral), parce qu'elle doit être bonifiée, va venir avoir un impact sur l'atteinte de nos cibles. Il n'y a aucun doute. »

Pour réduire l'attente aux urgences et atteindre la cible de 12 heures, « une partie de la réponse est la réforme, mais l'autre partie est la réponse du gouvernement fédéral, qui actuellement n'annonce pas de réponse ».