La durée moyenne de séjour dans les urgences du Québec a été la plus faible en 10 ans, atteignant 15,7 heures en 2015-2016, révèlent les plus récentes données du ministère de la Santé, obtenues par La Presse. Malgré cette amélioration de près d'une heure, les urgences du Québec sont encore loin de la cible de 12 heures d'attente fixée par le gouvernement.

Une durée moyenne de séjour de 15,7 heures

En 2015-2016, la durée moyenne de séjour, soit le nombre d'heures qu'un patient passe sur une civière aux urgences avant d'être monté aux étages ou d'obtenir son congé, a diminué de près d'une heure et atteint 15,7 heures. « Il faut remonter à 2006-2007 pour obtenir une telle performance. Et cette année, nous avons traité 800 000 visites de plus qu'à cette époque », résume la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Noémie Vanheuverzwijn.

Durée moyenne de séjour dans les urgences du Québec

• 2011-2012 : 17,1

• 2012-2013 : 17,5

• 2013-2014 : 16,7

• 2014-2015 : 16,6

• 2015-2016 : 15,7

Moins de séjours de plus de 48 heures

La proportion de séjour de plus de 48 heures dans les urgences atteint 5,2 %, soit le plus faible taux en cinq ans. Le MSSS estime que ces bonnes performances s'expliquent par « tous les efforts faits par le réseau ». « Oui, il y a eu un peu moins de consultations pour la grippe cette année. Mais la baisse d'achalandage aux urgences a été constatée toute l'année », affirme Mme Vanheuverzwijn.

Séjour de 48 heures ou plus

• 2011-2012 : 6,5 %

• 2012-2013 : 6,7 %

• 2013-2014 : 5,9 %

• 2014-2015 : 6,1 %

• 2015-2016 : 5,2 %

Plus de visites

La bonne performance aux urgences est d'autant plus surprenante que le nombre de visites a fortement augmenté cette année. En tout, 2,6 millions de patients ambulatoires se sont présentés aux urgences et 1,2 patient sur civières ont été accueillis, soit une hausse de 6 % par rapport à l'an dernier. Le MSSS précise que 15 installations (dont la moitié sont des CLSC) ont été ajoutées aux données des urgences de cette année, ce qui a augmenté de beaucoup le nombre de visites compilées. « Si on ne tient pas compte de ces établissements, la hausse d'achalandage n'a augmenté que de 1,6 % cette année », précise Mme Vanheuverzwijn. Les bonnes performances aux urgences sont-elles alors artificiellement gonflées dans les mêmes proportions ? « Non. Car les établissements ajoutés ont enregistré trop peu de visites pour avoir influencé le total à la baisse », soutient Mme Vanheuverzwijn, qui précise qu'en excluant les 15 installations ajoutées cette année, la durée moyenne de séjour atteint 15,75 heures.

Nombre de visites aux urgences

• 2011-2012 : 3 451 680

• 2012-2013 : 3 423 238

• 2013-2014 : 3 488 660

• 2014-2015 : 3 511 740

• 2015-2016 : 3 734 024 (sans les 15 installations : 3 568 232)

Pas de quoi se réjouir

Président de l'Association des médecins d'urgence du Québec, le Dr Bernard Mathieu estime que les récentes données des urgences ne sont « pas spectaculaires, mais vont dans le bon sens ». Selon lui, la légère amélioration enregistrée cette année n'est pas vraiment visible sur le terrain. « Il y a eu moins de problèmes d'effectifs médicaux et infirmiers cette année, mais la pression est encore très forte, dit-il. L'amélioration, on ne la sent pas. » Le Dr Mathieu affirme ne pas être déçu par les résultats, mais estime qu'« il n'y a pas de quoi se péter les bretelles ». « À ce rythme-là, on atteindra la cible de durée moyenne de séjour de 12 heures d'ici 10 ans ! »

Améliorations partout, sauf en Montérégie

De toutes les régions du Québec, c'est dans Lanaudière que la durée moyenne de séjour est la plus longue (20,5 heures). Il s'agit malgré tout d'une amélioration de 4,7 heures pour cette région, soit la plus forte baisse de toute la province. Cette année, toutes les régions du Québec ont enregistré une baisse de l'attente aux urgences, sauf la Montérégie, où l'attente a augmenté de 0,4 heure.

Évolution de la durée moyenne de séjour dans les urgences (en heures) en 2015-2016

• Lanaudière : 20,5 (-4,7)

• Côte-Nord : 13,4 (-3,9)

• Outaouais : 18 (-3,8)

• Laval : 16,7 (-2,3)

• Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine : 9,8 (-1,8)

• Mauricie-Centre-du-Québec : 12,3 (-1,2)

• Québec : 14,4 (-1)

• Laurentides : 19,7 (-0,9)

• Montréal : 17,3 (-0,8)

• Estrie : 13,7 (-0,8)

• Abitibi-Témiscamingue : 11,1 (-0,7)

• Chaudière-Appalaches : 11,3 (-0,7)

• Bas-Saint-Laurent : 7,7 (-0,3)

• Saguenay-Lac-Saint-Jean : 10 (-0,3)

• Montérégie : 20,4 (+ 0,4)

La « vraie » attente

Le délai de prise en charge médical aux urgences, soit le temps d'attente entre le moment où un patient voit une infirmière au triage et le moment où il est pris en charge par un médecin, a été de 2,3 heures cette année. Ces données n'étaient pas compilées par le gouvernement jusqu'en 2014-2015.

Établissements où la prise en charge médicale est la plus longue

• Centre hospitalier Anna-Laberge : 4,2

• Hôpital de Gatineau : 4,2

• Hôpital régional de Saint-Jérôme : 4,1

• Hôpital Pierre-Boucher : 3,7

• Centre hospitalier de Rouyn-Noranda : 3,6

• Hôpital Pierre-Le Gardeur : 3,6

• Hôpital Laurentien : 3,6

• Centre hospitalier de Granby : 3,5

• Hôpital de Papineau : 3,5

Encore des efforts

Malgré des performances améliorées cette année, plusieurs efforts doivent encore être faits pour atteindre les cibles ministérielles de performances aux urgences, qui visent notamment une durée moyenne de séjour de 12 heures.

Cibles ministérielles

• 85 % de la clientèle dont le délai de prise en charge est de moins de 2 heures (actuellement 60 %) ;

• 85 % de la clientèle ambulatoire dont la DMS est de moins de 4 heures (actuellement 59 %) ;

• DMS sur civière de 12 heures (actuellement 15,7 heures)