Le grand patron de Dollarama s’est offert le mont Glen, en Estrie, pour en faire un domaine privé, a pu confirmer La Presse.

Cette acquisition du milliardaire Neil Rossy a l’effet d’une douche froide pour ceux qui espéraient voir une station de ski renaître de ses cendres sur cette montagne. Ses pentes ont fait le bonheur des skieurs de 1961 à 2004.

« Neil Rossy a fait l’acquisition du mont Glen. Pour l’instant, il a l’intention de développer le site pour la production de sirop d’érable, mais d’autres activités pourraient être ajoutées », a indiqué Lyla Radmanovich, sa responsable des communications.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Dans un message précédent, qu’elle a retiré le lendemain de son envoi, elle indiquait que M. Rossy avait acheté la montagne « afin de pouvoir en bénéficier à des fins privées, notamment pour marcher, chasser, pêcher, se reposer et produire du sirop d’érable, tout en espérant créer des souvenirs inoubliables avec la famille et les amis ».

Neil Rossy a refusé la demande d’entrevue de La Presse. Il a succédé en 2016 à son père, Larry Rossy, à la tête de Dollarama, entreprise fondée par ce dernier en 1992.

Selon le Registre foncier du Québec, il a payé 6 millions pour une série de terrains qui couvre la montagne et ses environs. La transaction a été effectuée il y a plusieurs mois. La montagne appartenait à une firme immobilière, Groupe Maison Candiac.

Le mont Glen est situé dans la municipalité de Bolton-Ouest, à quelques kilomètres de la frontière américaine. Il culmine à 650 mètres et fait partie des montagnes Vertes.

Le maire « comprend très bien »

Le maire de Bolton-Ouest a pu discuter directement avec le milliardaire de l’avenir de cette montagne iconique de la région.

« On s’est rencontrés et il me l’a dit clairement : ce n’est pas son intention de reprendre le centre de ski, ce que je comprends très bien. Lui, son intention, c’est plus d’en faire un grand terrain pour la chasse », a expliqué Denis Vaillancourt en entrevue téléphonique. « Il y a du chevreuil, il y a de l’orignal, il y a probablement de l’ours. »

C’est sûr que c’est dommage que ça ne soit plus ouvert au public, mais on s’y attendait. […] Tant mieux pour lui, il va avoir un beau terrain de jeu.

Denis Vaillancourt, maire de Bolton-Ouest

M. Vaillancourt dit « comprendre très bien » que M. Rossy ne relance pas une station de ski : les équipements nécessiteraient des investissements massifs, les autres pentes des environs ont de la difficulté à boucler leurs fins de mois et les changements climatiques promettent un avenir difficile.

L’homme d’affaires Peter White a été propriétaire de la station de ski du mont Glen de 1978 à 2004. À la fin de l’année dernière, il avait publicisé sa volonté de racheter la montagne pour la rendre aux skieurs après des années de fermeture. Son projet avait toutefois avorté en raison de la hausse des taux d’intérêt.

Neil Rossy « m’a dit qu’il ne voulait pas faire de développement immobilier ou résidentiel », a relaté M. White en entrevue téléphonique. « Je sais qu’il s’intéresse à la chasse. »

Peter White aurait aimé que ce soient les pouvoirs publics qui achètent le mont Glen pour en faire un parc public. « Ils auraient dû faire ça il y a 50 ans, ils auraient dû faire ça il y a 30 ans, il y a 20 ans, il y a 10 ans, mais ils ne l’ont pas fait », a-t-il déploré. Au cœur du problème : la montagne est située à Bolton-Ouest, une petite municipalité avec un budget à l’avenant, alors que le centre urbain du secteur – et ses revenus de taxe – se situe à Lac-Brome.

Rectificatif:
Le maire de Bolton-Ouest s’appelle Denis Vaillancourt et non pas Yves Vaillancourt, tel que l’indiquait erronément une version précédente de ce texte.