Hydro-Québec devra prendre les mesures adéquates pour protéger l'environnement sur son chantier de transport de ligne électrique dans les Laurentides, a ordonné hier le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

« La société d'État doit cesser les rejets de sédiments dans les milieux humides et hydriques susceptibles d'être affectés par le projet. Elle doit aussi implanter dès maintenant, sur tout le territoire couvert par le chantier, les mesures de contrôle de sédiments appropriées », a dit le ministre en conférence de presse. Il a précisé que la société n'avait pas été visée par « une démarche judiciaire comme celle-là » depuis une dizaine d'années.

À compter du 1er décembre 2019, Hydro-Québec devra remettre un rapport annuel pendant trois ans pour faire un suivi de ses efforts.

Des citoyens de Saint-Adolphe-d'Howard, où passe la ligne à haute tension, s'élèvent depuis maintenant six ans contre le projet et les méthodes d'Hydro-Québec, notamment en ce qui concerne le déversement de sédiments. En raison du déboisement pour installer les pylônes électriques, l'eau entraîne sur son passage différents éléments du sol qui se déversent dans les cours d'eau et la rendent boueuse. Cette problématique fait partie des 14 constats d'infraction contre Hydro-Québec, a précisé le ministre Benoit Charette, hier, en annonçant l'ordonnance.

« Nous avons pris connaissance de l'ordonnance et partageons la volonté du ministre de prendre les mesures nécessaires pour protéger l'environnement », a réagi le porte-parole d'Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre, dans une entrevue téléphonique, attribuant les problèmes de sédimentation notamment aux défis posés par les fortes pentes de la région et à la volonté de préserver le paysage, qui a forcé l'entreprise à faire certains choix.

Un « minimum »

Du côté des citoyens s'opposant au projet, l'ordonnance du ministre était un « minimum », a dit Sarah Perreault, impliquée dans le comité-conseil de Saint-Adolphe-d'Howard, jointe par téléphone.

« Nous, c'est ce qu'on réclamait, ça nous semblait indispensable pour protéger les municipalités, les citoyens et l'environnement », a-t-elle ajouté. Mme Perreault s'est elle-même rendue sur le chantier à plusieurs reprises. « Le ministre a mis énormément de temps à réagir », a-t-elle souligné, rappelant que le Ministère avait demandé à plusieurs reprises à la société d'État de prendre les mesures nécessaires.

Elle craint une répétition du scénario de l'été dernier avec la fonte des neiges, alors que l'eau était devenue « opaque ». « Au printemps, ils vont avoir terminé, a expliqué la biologiste de formation. Il va y avoir une fonte et on sait que l'eau va couler, comme Hydro n'a pas pris les mesures à temps. » M. Huard-Lefebvre a assuré que des mesures d'atténuation pour contenir les sédiments seraient mises en place. « Nous allons continuer à déployer des efforts », a-t-il dit, ajoutant qu'une firme externe avait été mandatée pour analyser l'impact sur la qualité de l'eau. « On a pris la situation extrêmement au sérieux », a-t-il insisté.