Deux mois après la tempête automnale qui les a isolés du reste de la planète, les Madelinots s'inquiètent de voir démanteler l'antenne satellite qui leur assurait un lien de rechange, selon leur député.

L'appareil, installé « en catastrophe » par Bell après que les câbles sous-marins se sont rompus, le 29 novembre dernier, demeure essentiel tant que ces derniers sont fragiles, a fait valoir Joël Arseneau, en entrevue avec La Presse depuis son bureau insulaire.

« On recrée les conditions dans lesquelles ça s'est produit [la panne] », a dénoncé le député péquiste. « Pour nous, c'est prématuré d'enlever cette "ligne de vie" », a-t-il ajouté. « C'est inacceptable. »

Bell Canada a envoyé ces derniers jours une lettre aux autorités locales annonçant que l'antenne avait été « désactivée » et que « l'équipement physique serait désinstallé et retourné à TéléSat [son propriétaire] d'ici la mi-février ». Bell n'a pas réagi à la sortie de M. Arseneau.

Câbles sous-marins « vulnérables »

L'automne dernier, une intense tempête avait endommagé les câbles sous-marins qui relient les îles de la Madeleine à la Gaspésie, au point de rendre impossibles les communications téléphoniques ou virtuelles avec l'extérieur de l'archipel. Le réseau électrique avait aussi été lourdement endommagé.

Pendant la journée qu'a duré la panne, les services de santé avaient dû composer avec les impacts, il était impossible de retirer de l'argent dans les guichets automatiques, l'aéroport avait dû fermer et aucun insulaire n'avait accès à l'internet. L'état d'urgence avait été déclenché et des avions militaires avaient participé à l'opération de secours.

C'est pour éviter de tels problèmes que l'île doit garder son antenne satellite, a fait valoir M. Arseneau.

Sans elle, « on retourne à la situation de novembre : la pleine vulnérabilité de l'archipel face aux éléments naturels », a-t-il dit en entrevue. « Le fond du problème demeure : les deux câbles demeurent très vulnérables, puisqu'on n'a fait que réparer l'endroit où c'était sectionné, mais les travaux majeurs pour assurer leur intégrité à long terme n'ont toujours pas été faits. »

Le député Arseneau demande d'ailleurs à Québec de presser le pas et d'annoncer rapidement les modalités de réfection ou de remplacement des câbles sous-marins : l'entreprise choisie devra se préparer rapidement si elle doit exécuter les travaux cet été. « Le temps presse pour que le gouvernement prenne ses décisions », a dit l'élu.

« Il y aura une inspection complète des deux câbles d'ici l'été prochain, et on travaille sur des scénarios solides et durables pour les télécommunications des Madelinots », avait affirmé à ce sujet la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault, en décembre dernier.