Des responsables du Centre culturel islamique à Québec, frappé par une fusillade meurtrière en 2017, ont transmis leurs condoléances aux victimes de la synagogue de Pittsburgh, où 11 personnes ont péri samedi dans un attentat similaire.

Le conseil d'administration de la grande mosquée de Québec a déploré dans un communiqué que la « folie des hommes (ait) encore une fois frappé nos voisins juifs de Pittsburgh et frères humains qui ne faisaient que prier dans un lieu sacré et intouchable qui est la synagogue ».

« Cet acte est d'une énorme gravité et ne peut nous laisser indifférents, écrivent les responsables de la mosquée. Aujourd'hui, nous comprenons très bien la douleur que les familles juives ressentent et nous sommes de tout coeur avec elles. »

Le cofondateur du centre, Boufeldja Benabdallah, a rappelé en entrevue téléphonique que l'assassinat de fidèles dans un lieu sacré faisait revivre des souvenirs terribles datant d'il y a moins de deux ans. Six fidèles avaient été tués et 19 autres blessés lors de l'attentat de janvier 2017 à la mosquée de Québec.

Chaque nouvel attentat « amplifie » les souvenirs, a indiqué M. Benabdallah. « Ça nous rappelle les moments difficiles que nous avons vécus et ça ramène l'inquiétude. »

« On a mis des blocs de béton devant la mosquée, on a sécurisé nos portes, mis des caméras : qu'est-ce qu'on peut faire de plus ? C'est terrible, si on continue à vivre comme ça, à se barricader. »

M. Benabdallah a rappelé que jeudi dernier encore, le gouvernement fédéral invitait différents intervenants à une consultation à huis clos sur le bannissement des armes de poing et des armes d'assaut. « Et c'est exactement ce que possédait l'acteur de cette tragédie », a-t-il souligné.

« Faisons ici au Canada un grand geste national d'interdire ces armes pour le futur, pour la paix et la tranquillité », a souhaité M. Benabdallah. « Il faut que les citoyens réagissent, disent non à ce genre d'actes, mais aussi non à l'utilisation, la vente et la circulation de ces armes. »

D'autres cérémonies au Canada

M. Benabdallah a déclaré que sa première réponse avait été de contacter des membres de la communauté juive de Québec, un petit groupe qui était venu en aide à la communauté musulmane locale lorsqu'elle a été attaquée en 2017. Le conseil d'administration de la grande mosquée de Québec n'a pas encore décidé si des membres se rendraient à Pittsburgh pour offrir leur soutien à la communauté juive.

De grandes veilles multiconfessionnelles sont prévues lundi soir au Canada, notamment à la synagogue Beth Israel Beth Aaron de Montréal et au square Mel-Lastman de Toronto - les deux villes qui comptent les plus importantes communautés juives au Canada.

D'autres rassemblements ont eu lieu un peu partout au Canada au cours de la fin de semaine afin de se souvenir des victimes de Pittsburgh. À Ottawa, plus de 300 personnes se sont rassemblées au Centre communautaire juif de Soloway pour un service commémoratif, dimanche soir. Le temple était rempli, mais on avait laissé 11 sièges vides, pour chacune des victimes de Pittsburgh.

Dena Libman, qui a perdu sa cousine Joyce Fienberg dans l'attentat, s'est adressée à l'assemblée composée de citoyens, de leaders religieux et de politiciens de tous les partis et de tous les ordres de gouvernement. Elle a rappelé que chez les juifs, on a l'impression que tout le monde fait partie de la même famille - mais certains sont plus proches que d'autres. Joyce Fienberg avait grandi à Toronto.

Plus de 100 personnes ont assisté à une semblable cérémonie à la synagogue Shaar Shalom à Halifax, dimanche après-midi. La rabbine Raysh Weiss a déclaré qu'elle avait été « troublée et dévastée » par la tragédie de samedi, mais que la vague de soutien avait contribué à éclairer un peu ce sombre week-end. « L'antidote à de tels moments, c'est la solidarité ; la solidarité, l'amour et la paix. C'est de dire que cela ne nous empêchera pas d'être ce que nous sommes. »

Le rabbin montréalais Reuben Poupko, originaire de Pittsburgh, a déclaré qu'aucune communauté juive n'avait été épargnée par la fusillade. Il a déclaré que la veillée de lundi à Montréal serait une occasion pour les membres de la communauté de puiser espoir et force.