Pour la deuxième fois en un peu plus d'un mois, les résidants de l'agglomération de Longueuil doivent se méfier de l'eau qui sort de leur robinet. Et tout comme la dernière fois, c'est la défaillance d'un équipement qui devait - en théorie - assurer la sécurité de la distribution d'eau qui a paradoxalement été à l'origine du problème.

Longueuil a émis hier un avis d'ébullition d'eau. Près de 300 000 personnes sur la Rive-Sud sont concernées par cet avis qui devrait demeurer en vigueur jusqu'à demain. Tout comme en janvier, les arrondissements du Vieux-Longueuil et de Saint-Hubert ainsi que les villes liées de Boucherville et Saint-Bruno-de-Montarville sont touchés.

Cet événement survient un peu plus d'un mois après un déversement de diesel dans la principale source d'eau de Longueuil qui avait entraîné un interdit complet de consommer l'eau. Ces hydrocarbures provenaient d'un tuyau servant à alimenter une génératrice qui devait s'activer en cas de panne électrique pour assurer l'alimentation en eau potable.

Cette fois, c'est un autre équipement de sécurité qui a cédé à l'usine d'eau. Longueuil est à réaliser une mise aux normes de son usine régionale d'eau. Pour permettre à l'entrepreneur d'effectuer certains travaux, une interruption de la production d'eau avait été planifiée. Pendant cette période, on comptait sur deux moteurs d'urgence pour prendre le relais dans la distribution de l'eau.

Un des moteurs a toutefois flanché durant l'opération, alors qu'un problème électrique est survenu. 

La Ville s'explique d'autant plus mal ce bris que l'appareil avait été inspecté la semaine passée. «La pression a diminué de moitié dans le réseau et quand il y a une chute de pression, le réseau devient vulnérable. S'il devait y avoir des failles dans les conduites, il pourrait y avoir infiltration d'eau de la nappe phréatique, eau qui n'a pas été traitée», explique Jacques Tétreault, porte-parole de Longueuil.

Un avis d'ébullition a alors été émis de façon préventive. La Ville prévoit que la situation devrait être de retour à la normale sous peu, mais son avis d'ébullition devrait tout de même rester en vigueur pendant 48 heures, soit jusqu'à demain. Cette période permettra de réaliser des analyses pour évaluer la qualité de l'eau. Les premiers résultats sont attendus ce matin.

Cette nouvelle défaillance d'un équipement de sécurité menant à un problème dans la distribution d'eau inquiète grandement l'opposition à Longueuil.

«On se pose de sérieuses questions sur la qualité de nos infrastructures d'eau. Depuis la crise du verglas, on devait améliorer nos mesures de sécurité, mais je pense qu'on vient d'apprendre qu'on n'est pas prêts», affirme Robert Myles, chef de l'opposition.

La Ville de Longueuil réplique avoir justement lancé une campagne de plusieurs millions pour retaper son équipement qui a plus 40 ans. La défaillance d'hier est d'ailleurs survenu alors qu'on était à ajouter des réacteurs ultraviolets qui viendront éliminer des contaminants. «C'est vraiment jouer de malchance», se désole Jacques Tétreault.

Pas d'eau distribuée

Contrairement à la crise survenue il y a un mois, Longueuil n'interdit pas totalement la consommation de son eau. On invite plutôt les citoyens à «faire bouillir l'eau pendant au moins une minute avant consommation». Les citoyens touchés peuvent néanmoins continuer à utiliser l'eau du robinet pour laver la vaisselle, les vêtements, prendre une douche ou un bain. Longueuil recommande toutefois de bien assécher la vaisselle avant de l'utiliser.

La situation étant moins problématique que la dernière fois, Longueuil ne prévoit pas organiser une distribution d'eau embouteillée. Reste que la Ville a encore dans ses entrepôts environ la moitié des 1,4 million de litres d'eau commandés lors de la crise de janvier.