D'ici une semaine, le groupe Accurso doit proposer une solution au ministère de l'Environnement pour gérer des milliers de tonnes de débris d'asphalte déposés dans une de ses carrières, à Laval, a appris La Presse.

Simard-Beaudry, affiliée au groupe Accurso, a obtenu en 2007 un certificat qui lui permettait de recycler 100 000 tonnes d'asphalte par année et autant de béton dans sa carrière du rang Saint-Elzéar. Les deux matériaux peuvent être entreposés dans l'attente d'être traités.

Le 12 juillet, la carrière a reçu la visite d'un inspecteur du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP). L'inspecteur cherchait à vérifier si les déchets d'asphalte y étaient traités correctement, notamment s'ils étaient revalorisés plutôt qu'enfouis au fond de la carrière.

Le 18 juillet, l'entreprise a finalement reçu un avis d'infraction parce que l'asphalte usé n'est pas déposé à l'endroit prévu par le certificat d'autorisation. Le Ministère donnait à l'entreprise jusqu'à la fin de juillet, soit dans une semaine, pour proposer une solution au problème.

Selon Luc St-Martin, directeur régional du contrôle environnemental au MDDEP, Simard-Beaudry compte revaloriser l'asphalte à l'automne. Le recyclage se fera à l'aide d'une «unité mobile de concassage et de tamisage d'une capacité de 300 tonnes métriques à l'heure», indique le certificat d'autorisation.

M. St-Martin n'a pu nous expliquer précisément pourquoi le Ministère a exigé que les débris soient entreposés à un endroit plutôt qu'à un autre. Ce pourrait être notamment en raison du bruit susceptible d'incommoder le voisinage.

Le Ministère a en effet autorisé Simard-Beaudry à faire fonctionner son unité de concassage de 6 h à minuit, du lundi au samedi, indique le certificat d'autorisation.

Débris de Laval

La Presse a pu constater l'énorme quantité de débris d'asphalte, qui occupe une superficie d'environ 70 m sur 70 dans le nord-est de la carrière, sur environ 10 m d'épaisseur. Des camions de 10 roues en déchargent plusieurs fois par jour.

Luc St-Martin admet qu'il y a une grande quantité d'asphalte usé, mais il ne peut dire si elle dépasse les 100 000 tonnes autorisées. «La quantité entreposée n'a pas été évaluée spécifiquement lors de l'inspection, mais elle apparaissait inférieure à la limite», a-t-il dit.

Les débris d'asphalte proviennent de différents secteurs de Laval, notamment. Depuis 2009, la municipalité y déverse certains déchets secs en vertu d'un contrat accordé à Simard-Beaudry au terme d'un appel d'offres. Le contrat, qui était valide jusqu'en mai dernier, a été renouvelé jusqu'en mai 2014.

Des entreprises liées au groupe Accurso déposent également leurs débris d'asphalte dans la carrière. Simard-Beaudry n'accepte pas les débris d'entreprises externes ou de particuliers, selon nos vérifications.

La Ville de Laval paie 11$ la tonne pour y déposer de l'asphalte, 9,96$ la tonne pour le béton sans armature et 13,62$ la tonne pour le béton avec armature. Durant la dernière année complète du contrat, la Ville a déposé là près de 16 000 tonnes métriques d'asphalte et 2000 tonnes métriques de béton.

Une amende minime

Quoi qu'il en soit, le groupe Accurso ne risque pas grand-chose s'il contrevient aux règles du ministère de l'Environnement. S'il ne remédie pas à l'infraction, le groupe, dont le chiffre d'affaires atteint plusieurs centaines de millions de dollars, est passible d'une amende de... 2500$.

Les dirigeants de la carrière Simard-Beaudry n'ont pas voulu faire de commentaires.