L'un des deux conseillers à l'origine du scandale électoral à Boisbriand a rencontré trois fois le vice-président d'Infrabec, Lino Zambito, afin d'organiser une rencontre avec l'ancienne mairesse Sylvie St-Jean. C'est ce qu'a affirmé l'homme d'affaires, hier, après la diffusion de photos montrant le conseiller dans le siège social de son entreprise.

Cet automne, Marlene Cordato et Patrick Thifault ont dénoncé une tentative de truquer le résultat des élections municipales dans cette ville de la couronne nord. Ils ont remis à Radio-Canada l'enregistrement d'une conversation qu'ils ont eue avec l'ancienne mairesse Sylvie St-Jean en présence de M. Zambito, au mois de mai.

 

Cette rencontre avait pour but de convaincre les deux conseillers, alors dans l'opposition, d'accepter une entente pour que Mme St-Jean soit la seule à se présenter aux élections.

Mme Cordato indique qu'elle a été sollicitée par M. Zambito pour organiser cette rencontre. Son conseiller, M. Thifault, a déclaré avoir été ébranlé par la proposition, qu'il a jugée être un affront aux valeurs démocratiques.

Mais voilà, il s'avère que M. Thifault s'était déjà rendu trois fois dans les locaux d'Infrabec avant cette rencontre, chaque fois pour s'entretenir avec M. Zambito. Il l'aurait aussi joint 14 fois sur son cellulaire, selon un quotidien montréalais.

«Il ne venait pas me voir pour savoir si ma pression était bonne cette journée-là, a affirmé M. Zambito à La Presse. Il venait me demander des affaires, pour avoir des rencontres avec des gens... des gens en place.»

«Par l'intermédiaire de l'entourage de Mme St-Jean, j'ai demandé, on m'a dit non à plusieurs reprises, a-t-il poursuivi. J'ai redemandé et, finalement, il y a des rencontres qui ont eu lieu.»

Lino Zambito a affirmé qu'il collabore avec les enquêteurs de la Sûreté du Québec, et il espère que toute la lumière sera faite sur les allégations de collusion et de corruption à Boisbriand.

Pour sa part, Patrick Thifault affirme qu'il n'a pas caché ces rencontres aux enquêteurs de la Sûreté du Québec chargés de scruter cette affaire. Il admet avoir rencontré M. Zambito, mais pour discuter de «dossiers municipaux». Invité à être plus précis, il a répondu: «Je ne me souviens pas.»

Ces révélations surviennent 24 heures après une rafle policière dans deux bâtiments municipaux de Boisbriand ainsi que dans les locaux d'Infrabec. C'était la première manifestation de l'escouade Marteau, mise sur pied cet automne par le gouvernement Charest.

C'est pourquoi la nouvelle mairesse, Marlene Cordato, laisse entendre que son équipe est victime d'un règlement de comptes. Elle qualifie de «curieux» le moment de la publication des photos prouvant les liens entre son conseiller et Lino Zambito.

«Ça arrive curieusement au lendemain des événements qu'on connaît, a-t-elle indiqué. Et tout le monde sait que nous avons dénoncé des pratiques qui ont cours chez nous et le fait que M. Zambito et la mairesse sortante étaient impliqués.»

L'ancienne mairesse, Sylvie St-Jean, a toujours plaidé qu'elle a été victime d'un coup monté par l'équipe Cordato. Jointe hier, elle a affirmé être certaine que les rencontres entre M. Thifault et M. Zambito ont servi à la piéger. Mais elle admet ne pas en avoir la preuve.