Alors que le dossier d'un troisième centre de transbordement de déchets à Longueuil semblait clos depuis que le maire Claude Gladu avait déclaré le 21 août que la Ville ne délivrerait pas de permis, La Presse a constaté que, malgré tout, la Fiducie Remdev, qui appartient à la famille Rémillard, a obtenu un «permis de construction» 10 jours plus tard.

Le maire Gladu avait publié un communiqué le 21 août intitulé«La Ville de Longueuil n'entend pas émettre de permis pour un autre centre de transbordement». Il déplorait la poursuite des travaux entrepris sans permis par RCI Environnement (locataire de Remdev), comme La Presse l'avait révélé le 8 août. Pourtant, à la mi-août, la Ville a estimé que le projet était conforme et décidé qu'elle délivrerait un permis à la famille Rémillard.

 

Mais le 21 août, à la suite de protestations contre ce projet, le maire Gladu a déclaré : «Il est hors de question qu'un nouveau site de transbordement des déchets voie le jour à Longueuil «, précisant qu'il ne voulait pas que Longueuil devienne « la capitale des déchets du Québec».

Or, La Presse a obtenu un «permis de construction» que la directrice de l'urbanisme à la Ville de Longueuil, Hélène Ladouceur, a délivré le 31 août à la Fiducie Remdev pour des « travaux de transformation et de rénovation « du bâtiment qu'elle détient au 2355, chemin du Lac, à Longueuil.

La demande de permis avait été faite le 2 juillet par Jacques Plante, administrateur de Remdev, pour des travaux de 800 000 $ concernant la mise aux normes de l'immeuble, l'ouverture de nouvelles portes, la création de quais de chargement, la construction de murs de séparation, l'installation d'un système de gicleurs à sec, le drainage du terrain et l'aménagement de cases de stationnement.

La Presse a voulu parler de ce dossier au maire Gladu, mais ses relationnistes l'en ont empêchée. C'est Simon Bissonnette, attaché de presse du « dauphin « du maire Gladu, Jacques Goyette, candidat à la mairie, qui a donné la version du maire : «Ce permis, ce sont des améliorations à une bâtisse existante. Il a été délivré à des fins qui n'ont rien à voir avec un site de transbordement. Je ne sais pas ce que c'est que la création des quais de chargement, mais je suis certain que ce permis n'est pas pour le centre de transbordement.»

Ce n'est pourtant pas la compréhension du juge Paul Chaput, de la Cour supérieure du Québec, qui a suspendu vendredi dernier les travaux en cours au 2355, chemin du Lac, parce qu'ils vont au-delà de la mise aux normes d'un bâtiment et font partie, selon lui, de la création d'un centre de transbordement de déchets.

Les citoyens qui s'opposent à la construction du centre, dont l'entreprise Waste Management, ont obtenu du juge une injonction provisoire pour faire cesser «les travaux de construction et d'aménagement en cours et la transformation du bâtiment», a écrit le juge.

Il ajoute que son ordonnance est valable tant que le certificat d'autorisation prévu par les articles 22 et 55 de la Loi sur la qualité de l'environnement, et les règlements applicables, n'aura pas été délivré par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs. Pour le juge, les travaux à l'intérieur du bâtiment sont directement liés à la construction d'un centre de transbordement.

Pourquoi la Ville de Longueuil favorise-t-elle ce projet ? On ne le sait pas. Ni le maire ni M. Goyette n'ont accepté d'en parler avec La Presse.

Il n'y a jamais eu de débat public à Longueuil organisé par l'administration Gladu-Goyette sur la nécessité de créer un troisième centre de transbordement. Des citoyens poursuivent d'ailleurs Longueuil parce qu'ils estiment avoir été mal informés sur ce projet. Ils ont aussi demandé au gouvernement Charest d'intervenir, sans résultat.