Même si le temps d'attente dans le système de santé canadien a diminué cette année, il ne faut pas s'en réjouir pour autant, prévient l'Association médicale canadienne (AMC). L'accès aux soins de santé est loin d'être rapide. L'AMC croit d'ailleurs que les politiciens fédéraux, qui ont jusqu'à maintenant négligé de parler de santé durant la campagne électorale, devraient une fois pour toute aborder la question.

Hier, l'Institut Fraser a publié une étude montrant que, en 2008, les patients canadiens ont attendu en moyenne 17,3 semaines entre leur première visite chez le médecin généraliste et leur opération. C'est une semaine de moins que l'an dernier.

L'un des coauteurs de l'étude, Nadeem Esmail, tient toutefois à rappeler que, de 1993 à 2008, le temps d'attente a augmenté de 86% au Canada. «Certaines personnes attendent encore 121 jours ou plus pour recevoir un traitement médical essentiel. Doit-on en être fier? Absolument pas», dit-il.

Le Dr Jean-Luc Urbain, de l'AMC, est du même avis: «Le rapport montre qu'il y a du progrès, mais c'est largement insuffisant. Des temps d'attente aussi longs, c'est inacceptable.»

Selon le Dr Urbain, il est «inquiétant» de voir que les politiciens fédéraux ont jusqu'à maintenant préféré ne pas parler de santé dans leur campagne électorale. «Les politiciens évitent de parler du problème des listes d'attente. Une politique nationale cohérente sur les temps d'attente devrait pourtant être instaurée. Ce serait un bon premier pas pour corriger la situation.»

Dans son étude, l'Institut Fraser montre que, de toutes les provinces canadiennes, c'est en Ontario que les délais sont les plus courts, à 13,3 semaines. En comparaison, les Québécois attendent en moyenne 18,7 semaines.

Si dans l'ensemble les délais ont diminué au Canada dans des domaines comme l'ophtalmologie (2,2 semaines de moins), il s'est allongé en neurochirurgie (4,5 semaines de plus) et en chirurgie générale (1,7 semaine de plus).

Les spécialités où les délais sont les moins longs sont l'oncologie (4,6 semaines), la radio-oncologie (5,8 semaines) et la chirurgie cardiovasculaire (7,3 semaines). L'attente est au contraire très longue en chirurgie orthopédique (36,7 semaines), en chirurgie plastique (35,5 semaines) et en neurochirurgie (31,7 semaines).

Belge d'origine, le Dr Urbain explique que, en Europe, le temps d'attente est un concept qui n'existe pas. «Pour moi, c'est difficile de comprendre qu'il y ait tant d'attente ici! C'est un problème complexe, mais il faut s'y attaquer», a-t-il dit.