Jean Charest passe à l'attaque, dans la crise sur les tests relatifs au traitement du cancer du sein.

Sur la défensive depuis le début de la polémique autour de la fiabilité des tests subis par des milliers de femmes atteintes du cancer, le premier ministre Charest a jugé sévèrement, vendredi, le comportement de la chef de l'opposition, Pauline Marois, dans ce dossier.

Dans une charge contre sa rivale, il a aussi remis en question son sens de l'éthique.

Depuis la publication, la veille, du rapport du comité d'experts qui recommande que 2100 patientes passent un nouveau test pour déterminer si elles ont reçu le bon traitement, cette crise a désormais quitté la sphère médicale pour occuper pleinement celle de la politique.

Disant juger son comportement «tellement odieux» depuis le début de la crise, le premier ministre a adopté une attitude combative en demandant à Mme Marois de présenter ses excuses, pour avoir semé inutilement l'inquiétude chez les femmes atteintes du cancer du sein.

Dans une atmosphère survoltée, en Chambre, M. Charest et Mme Marois ont croisé le fer, s'accusant mutuellement d'avoir fait preuve d'irresponsabilité sur le dos de ces femmes victimes du cancer.

«Comment peut-elle assumer sa responsabilité de chef de l'opposition officielle et faire face aux femmes du Québec, en créant inutilement de l'anxiété?», lui a lancé M. Charest, soulevant les applaudissements dans les rangs libéraux.

Piquée au vif, Mme Marois s'est montrée fière d'avoir envoyé des femmes atteintes du cancer du sein se faire traiter aux États-Unis, quand elle était ministre de la Santé et que les listes d'attente débordaient.

«On m'a indiquée que des femmes pouvaient mourir sur des listes d'attente, à cause de problèmes de cancer du sein. J'ai eu le courage, moi, de les envoyer se faire soigner aux États-Unis», a-t-elle répliqué, après avoir d'abord tenté d'esquiver le sujet, en revenant sur les pertes records de la Caisse de dépôt et placement.

Le premier ministre a saisi la balle au bond, en ridiculisant le fait qu'elle affiche sa fierté d'avoir dû envoyer des malades obtenir des soins aux États-Unis, après avoir «démoli le système de soins de santé au Québec».

De son côté, depuis le début de la crise, la semaine dernière, l'opposition péquiste reproche au gouvernement de s'être traîné les pieds, et d'avoir ignoré tous les signaux d'alarme reçus de divers organismes et associations professionnelles de la santé depuis 2005, quant aux problèmes rencontrés dans les laboratoires de pathologie.

Les tests de pathologie de 2100 femmes atteintes du cancer du sein, et effectués entre avril 2008 et juin 2009, devront être repris, d'ici décembre, pour s'assurer qu'elles ont bien reçu le traitement approprié à leur état, soit l'hormonothérapie ou l'Herceptin.