Malgré leurs importantes divergences d'opinions, les premiers ministres des provinces et territoires ont convenu de réclamer, d'une seule voix, des améliorations au régime d'assurance emploi.

Simplification du régime, rationalisation du nombre de régions, l'assurance emploi «doit offrir un soutien équitable aux Canadiens, sans égard au lieu où ils résident», écrivent les premiers ministres dans un communiqué conjoint rendu public en fin de journée jeudi.

La veille, le premier ministre Jean Charest s'était montré très frileux à l'idée de revoir l'aspect géographique des critères d'admissibilité. «Sur le plan du nombre d'heures requis, à nos yeux, il faut maintenir une reconnaissance des différences régionales», a dit M. Charest, mercredi, à son arrivée au Conseil de la fédération, à Regina. Le premier ministre s'est dit très satisfait de la position consensuelle adoptée avec ses homologues.

«Nous, on voit ça comme une affaire de bon sens, la reconnaissance du fait que le marché du travail est très différent d'une région à l'autre. Le Canada, c'est un grand pays. Le marché du travail est diversifié», a dit M. Charest.

Dans les demandes faites à Ottawa, les premiers ministres provinciaux précisent que les réformes ne doivent pas diminuer l'accès aux prestations ni leur niveau et que «le régime doit être abordable, viable et financé à partir d'un fonds autonome et indépendant».

Les premiers ministres somment aussi le gouvernement fédéral d'accroître les sommes pour la formation, les prestations de maternité et les mesures actives pour l'emploi.

De l'eau dans leur vin

Les premiers ministres de l'ouest du Canada s'étaient présentés à ce Conseil de la fédération avec l'espoir de rallier leurs homologues à un plan de réforme en profondeur de l'assurance emploi. Plutôt que les 58 zones économiques qui servent actuellement pour définir les critères d'admissibilité, les premiers ministres de la région proposaient de simplifier le processus en créant trois catégories : milieu urbain, milieu rural et régions éloignées.

Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, plaidait quant à lui pour une norme nationale unique, avec un traitement égal pour tous.

Les demandes finales, approuvées par tous, s'éloignent grandement de ces propositions. Elles reconnaissent seulement que le nombre de régions pourrait être réduit, sans toutefois préciser de quelle manière.

Pour le premier ministre Charest, l'important était de mettre l'accent sur la formation, afin que les chômeurs retournent le plus vite possible au travail. La liste des demandes parle d'ailleurs d'une «aide transitoire pour aider les travailleurs sans emploi à traverser ces périodes économiques difficiles».

Les premiers ministres des provinces et territoires ne se risquent toutefois pas à chiffrer le nombre d'heures de travail requis pour être admissible aux prestations, alors que le débat fait rage à Ottawa. Selon le taux de chômage dans la région, il faut actuellement avoir travaillé entre 420 et 700 heures pour être admissible à l'assurance emploi.

Chômage en essor

Le Parti libéral de Michael Ignatieff juge «inéquitables» ces critères d'admissibilité variant d'une région à l'autre. Libéraux, néo-démocrates et bloquistes suggèrent d'abaisser le seuil à 360 heures. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a été accusé à maintes reprises par l'opposition de traîner les pieds dans le dossier.

Bon an, mal an, environ la moitié des Canadiens qui se retrouvent sans travail ne sont pas admissibles à l'assurance emploi, une situation que déplorent les partis de l'opposition.

En mai dernier, on comptait plus de 778 000 chômeurs au pays, une augmentation de 66 % par rapport à la même date l'année précédente. Au Québec seulement, 206 720 personnes étaient au chômage en mai, une augmentation de 33 % par rapport à 2008.

En cette période difficile, les questions économiques ont meublé la majeure partie des discussions entre les premiers ministres réunis à Regina. Ils ont d'ailleurs convenu de demander au gouvernement fédéral d'organiser un sommet national sur les revenus de retraite. D'une seule voix, les premiers ministres ont réitéré leur inquiétude face aux velléités protectionnistes de certains États américains. Aujourd'hui, il sera davantage question des changements climatiques, un sujet épineux pour lequel les divergences de positions sont souvent fréquentes.

- Avec La Presse Canadienne