Autre signe du cynisme qui existe envers les hommes et les femmes politiques au pays, les Canadiens sont davantage capables de relever les faiblesses des principaux partis politiques que d'en énumérer des forces.

Tant le premier ministre Stephen Harper que le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, ont donc du pain sur la planche s'ils veulent renverser cette tendance avant les prochaines élections, qui pourraient avoir lieu dès l'automne.

C'est du moins ce que suggère un sondage Nanos réalisé pour le compte de La Presse du 17 au 21 juin auprès de 1001 Canadiens.

Dans le cadre de ce coup de sonde, le sondeur Nik Nanos a voulu connaître la véritable opinion qu'ont les Canadiens des libéraux de Michael Ignatieff sans leur suggérer de réponse. La firme Nanos avait fait le même exercice pour les conservateurs de Stephen Harper dans son précédent sondage. Les résultats, dans les deux cas, sont comparables.

Dans le cas du Parti libéral, seulement 35% des personnes interrogées ont été en mesure d'identifier une force ; 15% ont affirmé que les libéraux n'avaient pas de force et une étonnante proportion de 51% a soutenu être incapable d'en identifier une. Les qualités identifiées spontanément par les Canadiens étaient le leadership de Michael Ignatieff (7,9% des répondants), l'expérience de l'équipe libérale (4,6%), le pragmatisme des libéraux (4,3%) et le fait qu'ils ne soient pas des conservateurs (4%).

Mais lorsqu'il s'agissait de relever une faiblesse, 49% des Canadiens ont été en mesure d'en nommer une et 49% ont été incapables de le faire. Une maigre part de 2% des répondants a affirmé que le Parti libéral était sans faille. Les lacunes relevées sont aussi variées : le leadership de Michael Ignatieff (11,8%), les politiques du parti (5,8%), le manque de réalisme (4,3%) et leur récente histoire (commandites 4,4%).

Il y a deux semaines, la firme Nanos avait constaté que 65% des Canadiens étaient en mesure de nommer spontanément une lacune du gouvernement conservateur, au pouvoir depuis février 2006, mais seulement 35% des répondants étaient capables de souligner une qualité.

Parmi les faiblesses du gouvernement, les Canadiens avaient cité le premier ministre Stephen Harper (11,6%), le manque de transparence (7,7%), l'idéologie de droite (4,6%), la gestion de l'économie (4,3%), le manque d'écoute (4,3%), l'arrogance (3,2%), entre autres choses.

Ceux qui avaient pu nommer une force avaient notamment cité Stephen Harper (5%), la gestion de l'économie (3,5%), les promesses tenues (3,2%), l'efficacité du gouvernement (3,1%), la continuité (2,2%) et le fait que les conservateurs soient au pouvoir (2,2%).

Selon Nik Nanos, les conservateurs et les libéraux reçoivent une note globale négative pour ce qui est de leur image puisque les Canadiens sont davantage portés à relever des lacunes que des forces.

«Toutefois, l'image négative des conservateurs est plus forte que celle des libéraux. Car 65% sont capables d'identifier une lacune aux conservateurs alors que 49% sont capables de le faire avec les libéraux. Aussi les Canadiens n'ont pas encore fait leur opinion sur les libéraux depuis qu'ils ont changé de chef. Cela veut dire que les libéraux doivent encore faire des efforts pour se définir eux-mêmes», a noté Nik Nanos.

Autre fait intéressant, les Canadiens, de manière générale, sont plus portés à citer les chefs des partis respectifs comme une faiblesse, ce qui veut dire que les leaders définissent beaucoup l'image qu'ont les électeurs des partis politiques.

«Au-delà de leur chef, l'image des conservateurs porte beaucoup sur des facteurs de rendement comme la gestion de l'économie, l'organisation et la cohérence. Dans le cas des libéraux, leur image est forgée à partir de leur expérience et de la perception qu'ils sont plus équilibrés sur les grands enjeux.»

La marge d'erreur du sondage réalisé du 17 au 24 juin est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Le précédent sondage sur la perception des conservateurs, réalisé du 26 mai au 1er juin, comportait la même marge d'erreur.