Une déclaration faite hier par le ministre de la Défense, Peter MacKay, selon laquelle le Canada pourrait rester en Afghanistan après 2011 a fait bondir les partis de l'opposition. Ils craignent que derrière les propos «ambigus» du ministre conservateur se cache la volonté de prolonger la mission militaire au-delà de l'échéance fixée par la Chambre des communes.

Dans le cadre d'une visite de deux jours à la base aérienne de Kandahar, le ministre a affirmé hier matin que le «Canada peut jouer bien d'autres rôles dans l'avenir» en sol afghan.

Il a rappelé que son gouvernement allait respecter la volonté de la Chambre des communes sur cette question car il serait impossible d' aider l'Afghanistan à bâtir sa démocratie, sans respecter la démocratie» au Canada.

L'évocation d'une prolongation du rôle militaire en Afghanistan a toutefois choqué l'opposition.

«Ce n'est pas très rassurant», a affirmé le leader du Bloc québécois, Gilles Duceppe. «Si le ministre ne clarifie pas sa position d'ici la reprise des travaux en Chambre le 25 mai, vous pouvez être sûr que je vais lui poser la question.»

Selon Gilles Duceppe, ce n'est pas la première fois que les conservateurs jouent avec les mots en ce qui a trait à la participation militaire du Canada en Afghanistan.

«La résolution qu'ils ont adoptée au printemps sur la fin de la mission permet également d'être interprétée, a-t-il expliqué. Elle dit que le Canada va se retirer militairement de Kandahar en 2011, mais pas des autres zones. Pourtant, dans l'esprit de la population, juillet 2011 correspond à la date du retrait des troupes.»

Au Parti libéral du Canada, le porte-parole en matière de défense, Denis Coderre, trouve également que les déclarations du ministre MacKay manquent de clarté.

«Peut-être qu'il tentait de justifier sa présence là-bas avec des déclarations ambiguës», a dit le député québécois.

Après 10 ans, a-t-il poursuivi, les troupes sont essoufflées et il commence à y avoir une pénurie de sous-officiers supérieurs sur le terrain. Il serait donc irresponsable de poursuivre la mission armée.

Même son de cloche du côté du Nouveau Parti démocratique. «L'inquiétude, c'est qu'il y ait quelque chose de caché dans ces mots-là, a lancé Jack Layton. Nos troupes ont fait leur job. Nous avons maintenant des responsabilités ailleurs dans le monde, d'autres choses à faire avec l'ONU dans la poursuite de la paix.»

Hier, le ministre de la Défense s'est envolé vers le Pakistan où il a rencontré son homologue aux Affaires étrangères. Rappelons qu'il y a quelques jours, Peter MacKay a affirmé que l'instabilité constante du Pakistan en faisait peut-être «le pays le plus dangereux du monde».

Avec La Presse Canadienne