Les conservateurs ont pris avec un grain de sel mercredi les critiques à peine voilées de l'ancien premier ministre Brian Mulroney au sujet de la situation du Parti conservateur au Québec.

À son premier jour de témoignage devant la commission Oliphant, mardi, M. Mulroney a décoché quelques flèches à l'endroit du premier ministre Stephen Harper. M. Mulroney, qui est à couteaux tirés avec l'actuel premier ministre depuis plusieurs mois, a soutenu qu'un parti politique ne peut former un gouvernement national sans remporter des sièges au Québec.

«J'ai formé le gouvernement en faisant ce que j'avais promis de faire : de me faire élire au Québec et de gagner des sièges au Québec, parce que c'était la seule manière. Vous ne pouvez former un gouvernement sans sièges au Québec et si vous le faites, vous ne pouvez pas gouverner ce pays et vous ne devriez pas le gouverner», a soutenu M. Mulroney.

M. Mulroney faisait ainsi allusion aux nombreux sondages publiés au Québec démontrant que les appuis au Parti conservateur sont en baisse. Le dernier sondage CROP-La Presse publié le mois dernier révèle que le Parti conservateur n'obtient que 15% alors que le Parti libéral récolte 37% et le Bloc québécois 31%. Le NPD doit se contenter de 12%.

Le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, le ministre Christian Paradis, a soutenu que le Parti conservateur est en meilleur état au Québec depuis 1993, année où le Parti progressiste-conservateur a été réduit à deux sièges à la Chambre des communes.

Une évidence

«C'est une évidence qu'on ne peut pas gouverner sans avoir de représentants au Québec. C'est pour cela que je suis content de faire partie de l'équipe Harper. Nous sommes 10 députés élus depuis 2006. C'est du jamais vu depuis 1993, depuis la débandade. Et on travaille pour augmenter notre équipe. Point à la ligne», a dit M. Paradis.

Une source conservatrice de Montréal s'est montrée plus caustique envers l'ancien premier ministre. «M. Mulroney a tout à fait raison de dire qu'on ne peut gouverner le pays sans avoir de sièges au Québec. Au cours des deux dernières élections, le premier ministre Stephen Harper a remporté 10 sièges au Québec. À entendre parler M. Mulroney, on pourrait croire qu'il parlait de Jean Charest lorsqu'il était chef du Parti progressiste-conservateur parce qu'il n'a jamais fait de gains extraordinaires au Québec», a dit ce militant conservateur de longue date.

Jean Charest a dirigé le Parti progressiste-conservateur de 1993 à 1998, année où il a fait le saut en politique provinciale. Aux élections fédérales de 1997, son parti a remporté 20 sièges au pays, dont cinq au Québec.

Un porte-parole du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, a refusé de jeter de l'huile sur le feu en disant comprendre que M. Mulroney soit animé par un sentiment de colère d'avoir à raconter les tenants et aboutissants de ses relations avec l'homme d'affaires controversé Karlheinz Schreiber devant une commission d'enquête.

«Ça ne fait plaisir à personne de voir M. Mulroney témoigner devant la commission Oliphant. Mais c'était la bonne décision à prendre. M. Mulroney lui-même a demandé une telle commission d'enquête sur cette question. On comprend parfaitement que M. Mulroney soit fâché contre le premier ministre», a dit M. Soudas.