Le premier ministre Stephen Harper a surpris ses adversaires, et même certains alliés, mercredi, en lançant ce qui ressemblait à une menace d'élections autour de la réforme du régime d'assurance-emploi.

M. Harper a catégoriquement rejeté la demande réitérée par les libéraux en faveur d'un critère d'admissibilité national unique, qui ramènerait à un niveau uniforme de 360 le nombre minimum d'heures de travail requises pour pouvoir toucher des prestations.

M. Harper n'aurait pas pu être plus clair au cours de son échange avec le leader libéral Michael Ignatieff: il a rejeté l'idée à trois reprises, dans les deux langues officielles, et s'est déclaré prêt à l'affronter sur cet enjeu.

Les adjoints de M. Harper ont souligné que le premier ministre n'avait pas entièrement fermé la porte à d'autres modifications au régime, mais uniquement au type de mesures préconisées par l'opposition.

Le Canada a un système d'assurance-emploi extrêmement généreux, a dit M. Harper en réponse à M. Ignatieff. Si le leader libéral veut dire aux Canadiens qu'ils devraient payer plus de charges sociales pour permettre aux gens de travailler 45 jours et de toucher ensuite de l'assurance-emploi pendant un an, partout au pays, alors les conservateurs sont prêts à l'affronter, a ajouté M. Harper.

L'échange a déclenché les conjectures sur la colline parlementaire: le premier ministre espère-t-il une autre proposition de modification au régime de la part du Nouveau Parti démocratique, à seule fin d'empêcher les libéraux de s'attribuer tout le mérite des changements? Etait-ce une tentative pour forcer l'opposition à reculer sur ses demandes dans le dossier de l'assurance-emploi? Etait-ce une menace d'élections?

Deux porte-parole de M. Harper ont refusé de commenter le sujet. Même des conservateurs ont admis avoir été pris par surprise. La plupart s'attendaient à ce que le gouvernement minoritaire conservateur accède à la requête de l'opposition, étant donné la piètre performance des conservateurs dans les sondages.

Il y a quelques semaines, M. Ignatieff avait déclaré que si le gouvernement minoritaire conservateur ne ramenait pas à 360 le nombre d'heures de travail requises pour recevoir des prestations, alors les Canadiens pourraient aller aux urnes.

De leur propre aveu, les libéraux disent qu'une telle mesure coûterait 1,5 milliard $ par an, mais qu'elle serait temporaire, le temps que la crise économique se calme.