Jugeant que la décision du Parlement européen viole les règles internationales, le gouvernement fédéral entend porter la cause devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) si le Canada n'est pas exempté de l'interdiction d'importer des produits dérivés du phoque.

De passage à Prague, où il doit participer aujourd'hui au coup d'envoi des négociations entre le Canada et l'Union européenne pour conclure un traité de libre-échange, le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a soutenu que cet embargo est totalement injustifié puisque les chasseurs canadiens suivent toutes les pratiques internationales.

 

«Cette décision pourrait constituer un coup dur pour cette industrie si elle n'est pas renversée», a dit le ministre Day hier.

Il a rappelé que cette décision doit maintenant être entérinée par la Commission européenne qui se prononcera à son tour sur cet embargo d'ici la fin juin.

«Nous avons la ferme intention de contester cette décision devant l'OMC parce que cette décision ne repose pas sur des faits, a-t-il expliqué. Le Canada suit les pratiques internationales en matière de chasse de phoque. Nous demandons à l'UE d'inclure une clause d'exemption qui reconnaît que le Canada suit les pratiques internationales.»

Le ministre Day a rappelé que près de 6000 familles dépendent de cette industrie au Canada. Il a toutefois soutenu que cette décision ne devrait avoir aucune conséquence sur les négociations de libre-échange entre le Canada et l'UE qui doivent commencer officiellement aujourd'hui.

À Ottawa, la ministre des Pêches et Océans, Gail Shea, a estimé que le Canada avait été victime d'une campagne de désinformation de la part de groupes d'intérêts en Europe. «Ils font circuler, en Europe, des photos de bébés phoques, a-t-elle souligné. Or, le Canada n'a pas tué un bébé phoque depuis 20 ans.»

En faveur d'une intervention à l'OMC, les partis de l'opposition ont toutefois reproché au gouvernement de ne pas avoir fait suffisamment de représentations devant les parlementaires européens pour démontrer la vérité concernant la chasse aux phoques au Canada.

«Ce que je demande à M. Harper, c'est de profiter de Prague pour pouvoir dire aux gens là-bas que c'est inacceptable, a dit le député libéral Denis Coderre. Il y a une réalité économique, il y a une réalité sociale et on doit agir en conséquence. Vous avez des régions où le taux de chômage est plus de 30% et là on leur enlève le pain de la bouche.»