Les policiers de la Sûreté du Québec réclament un rattrapage salarial d'environ 8% en plus des 7% en cinq ans alloués à l'ensemble des salariés de l'État en juin dernier.

Comme les infirmières, les policiers de la Sûreté du Québec n'ont pas conclu d'entente sur leur rémunération et leurs conditions de travail au début de l'été, au moment où l'ensemble des centrales du secteur public avait signé pour cinq ans avec le gouvernement Charest.

Du côté des infirmières, les négociations entrent dans une phase déterminante la

semaine prochaine. Pour les policiers, dont le contrat est échu depuis le 31 mars dernier, on vise une entente avant le congrès annuel du printemps prochain. Ce délai est salutaire, parce que la bouchée sera grosse à avaler pour le gouvernement.

Une formule pour fixer le salaire

Selon des sources proches des négociations, l'Association des policiers provinciaux veut que Québec accepte l'idée d'un mécanisme permanent pour décider des salaires. Ceux des agents de la Gendarmerie royale canadienne, qui ne sont pas syndiqués, sont fixés par un «conseil de la solde». Il s'aligne pour cela sur les salaires versés dans les 10 corps de police les plus importants du Canada. Les 5400 syndiqués de la SQ veulent être dans le premier quart des salaires versés dans les cinq corps de police les plus importants du Québec (Montréal, Laval, Longueuil, Québec et Gatineau) et les cinq plus importants du Canada (GRC, police provinciale de l'Ontario, Toronto, Winnipeg et Vancouver).

« Les négociations cheminent bien, on vérifie les calculs. Il n'y pas d'augmentation de moyens de pression en vue. La chicane n'est <pas prise «, dit Jean-Guy Dagenais, le président du syndicat des policiers.

Grève du zèle

Pour l'heure, ils mettent du sable dans l'engrenage : ils font la grève du zèle dans les tâches administratives, mais ils n'ont pas diminué le nombre de contraventions qu'ils remettent comme ils l'avaient fait il y a quatre ans. À la Sûreté du Québec, «ce qui fait défaut, actuellement, c'est le salaire. Si on pouvait trouver une formule qui nous permette de nous entendre automatiquement sur le salaire, on ferait pas mal de progrès «, observe M. Dagenais.

Mais du côté de Québec, on est encore loin d'adhérer à l'idée. «C'est sûr que cela dépasse les paramètres financiers du gouvernement «, résume-t-on. On souligne aussi que le mécanisme prévu pour la GRC existe parce que ces agents ne sont pas syndiqués. Un projet de loi à l'étude aux Communes leur permettrait de se syndiquer, ce qui rendrait caduc le mécanisme dont veulent s'inspirer les policiers québécois. Le Conseil du Trésor est allergique à l'idée d'appliquer une formule pour décréter des conditions salariales.

Aussi, Québec voudrait qu'on considère la rémunération globale ainsi que des avantages comme la permanence automatique dès l'embauche, ce qui ne se fait pas ailleurs.

Jean-Guy Dagenais estime que c'est poser le problème à l'envers: «Avant de discuter de clauses non pécuniaires, on veut s'entendre sur le salaire. Ce message est bien reçu de l'autre côté de la table», dit M. Dagenais, qui observe que, il y a quelques jours encore, Jean Charest a souligné que l'économie du Québec s'était bien relevée de la crise financière.

Une rencontre a eu lieu avec Jacques Dupuis, le ministre de la Sécurité publique, mais c'était avant l'annonce de son départ à la mi-août. Le syndicat n'a pas rencontré encore son remplaçant, le ministre Robert Dutil, pas plus que la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne.