Le premier ministre François Legault se défend de plonger des familles immigrantes dans la précarité avec son projet de déréglementer l'industrie du transport des personnes.

Il répondait, jeudi, au député de Québec solidaire Andrés Fontecilla, qui accuse le gouvernement de fragiliser les conditions de vie de milliers de familles immigrantes au Québec, dans un contexte où il devrait plutôt les aider à s'intégrer.

« Les taxis au Québec, c'est principalement une job d'immigrants, a souligné le député de Laurier-Dorion. Le premier ministre martèle [...] que les immigrants, il faut en prendre moins pour en prendre soin. Plonger ces familles dans la précarité, c'est vraiment ça, prendre soin des gens ? »

En vertu du projet de loi 17, déposé mercredi à l'Assemblée nationale, l'ensemble des chauffeurs, qu'ils soient de l'industrie traditionnelle du taxi ou occasionnelle au service d'une application, devra répondre aux mêmes normes.

Le gouvernement Legault accordera un demi-milliard de dollars au total en indemnisation aux chauffeurs de taxi, pour qui c'est nettement insuffisant. Les représentants de l'industrie estiment qu'au total, la valeur des permis a pu diminuer de plus de 1 milliard. Selon eux, Québec est à la solde des lobbyistes d'Uber.

Ils crient à la « trahison » et à la « déclaration de guerre ». « Quand la CAQ écrit un projet de loi, est-ce qu'elle s'arrête deux minutes pour penser aux conséquences sur les gens ? » a demandé M. Fontecilla.

Pourtant, selon François Legault, le gouvernement fait de grands efforts pour aider les chauffeurs de taxi, qui bénéficieront de sommes non négligeables, d'après lui.

« Il faut se moderniser, et c'est quand même une grosse compensation de dire on donne 500 millions de dollars à ceux qui ont acheté des permis », a-t-il déclaré en mêlée de presse avant la période des questions.

« La valeur des permis a fluctué, il y a des gens au début qui les ont eus gratuits, les permis. Il y a des gens qui les ont payés 10 000 $, 20 000 $. Je comprends qu'un moment donné ça a atteint 200 000 $, mais ça c'est la loi de l'offre et de la demande.

« Quand on est en affaires, on prend des risques », a-t-il laissé tomber.

Le portrait n'est pas tout noir pour les chauffeurs de taxi, au contraire, poursuit le chef du gouvernement. Rien ne les empêchera de gagner leur vie en faisant du transport de personnes. « Quelqu'un qui accepte de travailler aux heures de pointe, quand il y a beaucoup de demandes, à la sortie des parties de hockey, par exemple, bien il va pouvoir faire plus d'argent qu'actuellement », plaide-t-il.

Au final, s'est félicité le premier ministre, « les grands gagnants là-dedans, ce sont les consommateurs, qui vont avoir accès à de meilleurs tarifs ».

Si le projet de loi est adopté, tous les chauffeurs devront avoir :

• un permis de classe 5, plutôt que la classe 4C des chauffeurs de taxi actuels ;

• une formation minimale dont la durée reste à déterminer ;

• réussir un examen ;

• été soumis à une vérification des antécédents judiciaires.

Le gouvernement mettrait fin :

• aux territoires exclusifs réservés et au contingentement des taxis ;

• à l'immatriculation T réservée aux taxis ;

• à l'inspection annuelle.

Par ailleurs, le terme taxi deviendra une « appellation protégée », pour désigner le transport rémunéré de personnes par automobile, dont la course peut être demandée au choix du client autrement que par un moyen technologique. Le lanternon, le taximètre et la course hélée restent aussi réservés aux taxis.