Le sous-sol de l'église Saint-Arsène, rue Bélanger, avait des airs de foire commerciale, hier après-midi. Or, les exposants derrière la vingtaine de kiosques n'avaient rien à vendre, excepté leur bonne volonté. Pour la troisième année, le député solidaire de Gouin, Gabriel Nadeau-Dubois, invitait les citoyens qu'il représente à voter pour les projets communautaires qu'ils désirent voir recevoir du financement.

Le camp de jour CESAM pour enfants défavorisés, le cinéma sous les étoiles de Funambules Médias, la Chorale du Théâtre du Portage... Les représentants d'organismes à but non lucratif et d'initiatives citoyennes décrivaient avec enthousiasme le bien-fondé de leur projet à la centaine de personnes venues se prononcer. Tous espéraient avoir la faveur populaire et ainsi bénéficier d'une partie du budget de Soutien à l'action bénévole de leur député. Une enveloppe discrétionnaire pour appuyer les organismes à but non lucratif dont disposent tous les parlementaires et dont la valeur varie selon la circonscription.

« Il n'y a aucun critère, les députés peuvent le dépenser comme ils le souhaitent. Quand j'ai été élu, j'ai trouvé ça particulier. Après tout, c'est de l'argent public. Je me suis demandé : "Comment pourrait-on démocratiser cet argent-là ?" », a expliqué Gabriel Nadeau-Dubois, décrivant la démarche derrière Aller-Retour, ce vote participatif.

Dix-neuf projets figuraient sur la liste soumise au scrutin, hier. L'an dernier, le collectif derrière l'animation et le verdissement de L'Oasis Bellechasse - un espace public situé à l'angle des rues Saint-Hubert et de Bellechasse - a charmé le public. Les bénévoles espèrent avoir la même chance cette année, afin d'assurer la pérennité de leur projet de quartier.

« Ultra-démocratique »

« L'an dernier, ça nous a donné tout un coup de pouce, a déclaré Jade Bilodeau, l'une des instigatrices. Je trouve ça ultra-démocratique, c'est une façon de dire "Moi, c'est ça que je veux dans mon quartier" et de passer à l'action, pas juste attendre que ça vienne de plus haut. Et le fait que [Gabriel Nadeau-Dubois] fasse ça, c'est une bonne façon de donner le pouvoir démocratique aux citoyens. »

La circonscription dispose d'une enveloppe totale d'environ 80 000 $, desquels 20 000 $ sont réservés à Aller-Retour. Les projets gagnants - qui sont dévoilés aujourd'hui - reçoivent en moyenne 3000 $ chacun.

« Il reste une portion du budget qui est attribuée de façon conventionnelle. Il y a des causes qui ne sont pas très vendeuses dans ce genre d'exercice-là, mais qui sont tout aussi importantes, et j'en suis très conscient », a expliqué le député de Gouin.

Sa consoeur solidaire dans Sherbrooke, Christine Labrie, a décidé d'imiter l'initiative. Alexandre Leduc, dans Hochelaga, y songe. Est-ce que des députés d'autres familles politiques contemplent l'idée ?

« Je l'ignore, admet M. Nadeau-Dubois. Mais mon téléphone est ouvert pour ceux qui voudraient des conseils ! »

Causerie sur l'environnement

Une causerie sur l'environnement animée par le député lui-même et alimentée par l'instigateur du Pacte pour la transition écologique, Dominic Champagne, la militante innue et responsable de la « campagne forêts » à la Fondation David Suzuki, Melissa Mollen Dupuis, et la dramaturge derrière J'aime Hydro, Christine Beaulieu, a occupé l'après-midi. 

Devant la salle remplie de citoyens mobilisés pour l'épanouissement de leur quartier, les protagonistes engagés ont partagé leurs motivations à militer sans relâche et sont revenus sur leurs initiatives personnelles pour la protection de l'environnement. 

« Il y a de plus en plus de démonstrations que l'on tisse à nouveau notre tissu social. L'histoire démontre qu'il comporte de gros trous, des grands ratés, mais plutôt que de le déchirer, comme c'est fait actuellement avec des politiques qui ferment la porte à des nouveaux citoyens, je pense qu'on peut le patcher et transformer nos façons de faire pour que la suite soit beaucoup mieux tissée », a déclaré Mme Mollen Dupuis.