Le gouvernement Legault a allongé 10,7 millions pour empêcher la fermeture du consortium Ouranos, hier, même si le Conseil de gestion du Fonds vert avait recommandé l'été dernier de mettre fin au financement de cet organisme de recherche.

Le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, a annoncé qu'il puiserait 3 millions dans le Fonds vert pour soutenir les activités d'Ouranos. Le ministère de l'Économie versera pour sa part 7,7 millions.

« Pour nous, Ouranos est un partenaire de premier plan », a déclaré le ministre Charette, qui a loué les recherches du groupe sur l'érosion des berges, sur le transport et, plus récemment, sur l'impact des changements climatiques sur l'industrie du ski.

L'organisme d'une cinquantaine de chercheurs pourra ainsi poursuivre ses recherches sur l'adaptation aux changements climatiques pour trois ans. Son directeur général, Alain Bourque, a reconnu que l'annonce d'hier était survenue à minuit moins une.

« S'il n'y avait pas de renouvellement du financement, Ouranos fermait ses portes le 1er avril prochain », a dit M. Bourque.

En outre, l'organisme ne reçoit à peu près pas un sou du secteur privé, a-t-il indiqué en point de presse.

Aide critiquée

L'aide gouvernementale à Ouranos avait cependant été mise en cause par le Conseil de gestion du Fonds vert (CGFV) l'été dernier. Dans un rapport préliminaire soumis au gouvernement libéral de l'époque, la subvention au groupe de recherche était l'une des 32 actions gouvernementales qui devaient être stoppées sur-le-champ parce qu'elles étaient « non optimales », « non pertinentes » ou « injustifiées ».

Dans la version finale du rapport, rendue publique par le gouvernement Legault en novembre, la recommandation du CGFV avait quelque peu changé. On proposait d'attendre à 2020 avant de mettre fin au financement d'Ouranos.

La présidente du CGFV, Sylvie Chagnon, a de nouveau critiqué la manière dont le Fonds vert finance la recherche universitaire lors d'une conférence à la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, lundi. Elle n'a pas abordé le cas d'Ouranos, mais elle a déploré que les subventions soient versées à droite et à gauche sans vision globale, parfois pour financer des travaux qui se chevauchent.

Au cabinet du ministre Charette, on confirme que le ministre n'a pas tenu compte de la version préliminaire du rapport du CGFV, seulement de celle rendue publique en novembre.

« Le ministre a pris connaissance du rapport final et il a basé sa décision sur le rapport final ainsi que sur ce qu'il jugeait approprié en ce qui concerne Ouranos », a expliqué le porte-parole de M. Charette, Jean-Bernard Villemaire.

Financé par les recettes du marché du carbone, le Fonds vert vise à financer des initiatives de lutte et d'adaptation aux changements climatiques. Sa gestion a maintes fois été décriée au cours des dernières années, si bien que le gouvernement Couillard a créé le CGFV pour en superviser l'administration.