Jean-Martin Aussant et Catherine Fournier ont rencontré ensemble, au cours des dernières semaines, des ténors souverainistes à qui ils ont affirmé que le Parti québécois (PQ) était selon eux sans avenir, confronté à un éternel cul-de-sac.

Selon des informations récoltées par La Presse, Mme Fournier, qui siège désormais à titre de députée indépendante, et Jean-Martin Aussant, qui était candidat péquiste lors des dernières élections, ont dit lors de ces rencontres que le PQ n'avait plus la capacité de convaincre les Québécois de faire l'indépendance.

Mme Fournier et M. Aussant n'auraient toutefois pas proposé de créer un nouveau parti, ce qui est conforme à l'esprit de l'allocution de la députée de Marie-Victorin lorsqu'elle a quitté le caucus péquiste, lundi.

« On n'est pas toujours ensemble. Parfois, on est tous les deux présents [aux mêmes rencontres] parce qu'on a des contacts en commun. [...] Ce n'est pas une action concertée entre Jean-Martin Aussant et moi », a affirmé hier Catherine Fournier à La Presse.

« Sincèrement, il n'y a pas de complot derrière ça. Je voulais avoir le son de cloche de beaucoup de monde dans le mouvement souverainiste. Depuis mon annonce, j'ai parlé à plus d'une centaine de militants et de personnes du mouvement. Parfois, Jean-Martin Aussant était présent, comme d'autres personnes étaient présentes également », a-t-elle poursuivi.

Selon Robert Barberis-Gervais, un militant de longue date de la circonscription de Catherine Fournier, la jeune députée aurait affirmé lors d'une rencontre que l'aile parlementaire du PQ n'allait nulle part. Alors que le parti traverse une situation financière précaire, aurait-elle dit, la tenue d'un conseil national la semaine prochaine à Trois-Rivières est tout simplement inutile.

« Si Catherine Fournier avait fait une analyse juste des causes de la défaite du Parti québécois, elle n'aurait pas rejeté [le parti] comme elle vient de le faire. [...] Bonne chance Catherine. Nous continuons à t'aimer, [mais] tu vivras la solitude de la coureuse de fond », conclut le militant dans un long message qu'il a publié en ligne.

Aussant s'absente d'un événement

Jean-Martin Aussant était pour sa part attendu hier après-midi à une discussion sur la souveraineté du Québec organisée par des étudiants du collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal. Il a toutefois fait savoir dans la matinée qu'il ne pourrait y participer en raison d'ennuis de santé.

L'ex-député a néanmoins publié sur Facebook une « mise au point » dans laquelle il a assuré ne pas travailler à mettre sur pied une nouvelle formation souverainiste.

« Contrairement à ce que laissent entendre ceux qui semblent connaître mieux que moi mes projets, je ne suis pas en train de créer un nouveau parti politique. J'ai deux enfants et je travaille sur des mandats professionnels prenants et emballants », a-t-il écrit.

M. Aussant est actuellement directeur général de la Guilde des développeurs de jeux vidéo indépendants du Québec. Son compte LinkedIn indique toujours qu'il est consultant indépendant.

Dans sa publication, il soulève avec sarcasme qu'il n'a pas « hypnotisé Catherine Fournier pour qu'elle prenne la décision de siéger comme indépendante ».

« Je ne suis plus en politique active, mais je suis encore souverainiste, je le serai toujours [...] Je parle souvent à des gens impliqués en politique. Par la force des choses, [...] les gens me parlent encore naturellement de politique quand ils me croisent », a-t-il ajouté.

Jean-Martin Aussant avait par ailleurs été vu au théâtre de Quat'Sous avec Mme Fournier mardi soir, ce qui avait fait présumer à certains observateurs une association entre les deux ex-péquistes.

Toujours dans sa publication sur Facebook, M. Aussant a expliqué à ce sujet qu'il était panéliste dans une « discussion » à laquelle assistaient également Catherine Fournier, l'ex-député Pierre Curzi, le comédien Christian Bégin « et plein d'autres personnes intéressantes ».

« Seraient-ils en train de comploter quelque chose ? Je ne pense pas », a-t-il ironisé.

« Il faut arrêter ça »

Au collège Brébeuf, où la discussion autour de l'enjeu de la souveraineté du Québec a tout de même eu lieu hier, le député péquiste Sylvain Gaudreault a convenu que « tout le monde avait hâte de voir ce que [M. Aussant] avait à dire ». Il a toutefois noté qu'à la lumière de sa lecture de cette « mise au point », il ne pouvait toujours pas déterminer si Jean-Martin Aussant était ou non derrière la démarche de Catherine Fournier.

M. Gaudreault affirme néanmoins que « la porte est ouverte » si ses deux anciens collègues veulent revenir au Parti québécois.

Quelques minutes auparavant, pendant la discussion à laquelle ont également pris part Sol Zanetti, de Québec solidaire, et Michel Boudrias, du Bloc québécois, M. Gaudreault avait affirmé que le mouvement souverainiste avait eu « l'air fou » lorsque Catherine Fournier a claqué la porte du PQ lundi en critiquant vertement la formation politique.

« Il faut arrêter de se tirer les uns sur les autres, a-t-il résumé. Comment on va attirer des gens si nous, qui croyons à la cause, avons l'air d'une bande de clowns ? »

Interrogé sur le fait que le chef par intérim du PQ, Pascal Bérubé, a lui-même lancé un échange de messages grinçants avec Jean-Martin Aussant sur Twitter mardi, M. Gaudreault a invité « tout le monde à passer à autre chose ». Le député de Jonquière a tout de même décrit cet événement comme « du bruit de fond » qui détourne « l'essentiel du message », c'est-à-dire la refonte à laquelle le PQ souhaite se prêter à la suite de la défaite électorale du 1er octobre dernier.