Des recours judiciaires seront entrepris si le ministère de l'Environnement ne soumet pas le projet de Sayona Mining au processus d'évaluation et d'examen sur les impacts environnementaux de son projet en Abitibi-Témiscamingue, menace Rodrigue Turgeon, à l'origine d'une mise en demeure envoyée au ministre Benoit Charette.

Le cofondateur du Comité citoyen de protection de l'esker estime que le projet minier Authier doit « obligatoirement » passer par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information confirment une plus grande capacité d'exploitation que ce qui avait été préalablement établi, ce qui oblige le passage par le BAPE, estime-t-il.

« C'est un recours très fort, il n'y a aucune raison qu'on recule », a assuré M. Turgeon.

Il donne donc 10 jours au ministre de l'Environnement, Benoit Charette, pour donner sa réponse.

Inquiétudes

Des citoyens des environs de La Motte demandent depuis un an des consultations du BAPE sur les conséquences environnementales du projet minier de lithium de l'australienne Sayona Mining. Ils s'inquiètent particulièrement de la proximité de la future mine de la source d'eau potable de l'esker Saint-Mathieu-Berry, mais aussi de l'impact sur les milieux humides et la faune.

La société minière ayant d'abord établi l'extraction à 1900 tonnes par jour, en deçà du seuil de 2000 tonnes où le processus du BAPE devient obligatoire, les militants avaient au départ demandé au ministre de l'Environnement d'user de son pouvoir discrétionnaire pour soumettre le projet aux consultations.

Or, la septième année, Sayona Mining prévoit une extraction quotidienne d'un peu plus de 2100 tonnes, selon des documents obtenus par la coalition de citoyens.

« Le critère déterminant est la capacité d'extraction de plus ou de moins de 2000 tonnes. » - L'avocat de M. Turgeon, Marc Bishai, spécialiste en droit de l'environnement

Une déclaration du ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon, la semaine dernière, laissait entendre que le gouvernement tenterait d'autoriser le projet sans passer par le BAPE, si cela était possible. C'est ce qui a poussé Rodrigue Turgeon à agir rapidement, après un avis légal envoyé le 18 février.

Au bureau du ministre, on a préféré ne pas commenter la mise en demeure, tout en précisant que « les résultats de l'analyse du Ministère seront connus sous peu ».

Des réponses

« On n'est pas contre le développement minier, a précisé M. Turgeon au téléphone. Mais on est pour l'accès à l'information. » Pour les citoyens inquiets, le processus permettrait d'obtenir des réponses à leurs préoccupations, puisqu'ils se disent insatisfaits de celles fournies par la société minière.

Les partis de l'opposition à Québec se sont unis pour demander une évaluation du BAPE dans ce projet. Une pétition avait récolté un peu plus de 30 000 signatures hier.

Il n'a pas été possible de joindre Sayona Québec hier.