Le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, se défend d'avoir subi personnellement des pressions de l'industrie des pesticides pour congédier un de ses fonctionnaires.

L'agronome Louis Robert, un expert dans le secteur des grains, avait condamné l'ingérence du privé dans la recherche publique sur l'usage des pesticides.

Le 24 janvier, il a été limogé, par décision du ministre, pour avoir transmis un document confidentiel à un journaliste, ainsi que pour avoir contrevenu aux obligations de discrétion, selon la lettre de congédiement rendue publique mercredi.

En point de presse jeudi matin à Gatineau, où les élus caquistes sont réunis pour deux jours, le ministre de l'Agriculture a dû revenir sur la controverse.

Quand des journalistes lui ont demandé si l'industrie avait demandé le congédiement de M. Robert, M. Lamontagne a d'abord refusé de commenter.

Mais les médias ont insisté : est-ce que l'industrie a demandé son congédiement et est-ce qu'il y a eu des pressions ?

« Certainement pas moi, certainement pas, moi, je n'ai pas de liens du tout avec ça », a-t-il finalement répondu.

M. Lamontagne avait dit la veille qu'il avait pris personnellement la décision de le limoger, tout en ajoutant jeudi qu'il a fait confiance à son équipe.

Le ministre a également refusé de préciser si oui ou non, une enquête avait été menée concernant une éventuelle ingérence de l'industrie des pesticides dans les recherches.

Il a indiqué que sa décision de congédier le fonctionnaire n'est « pas un désaveu » visant les lanceurs d'alerte.

Rappelons qu'en vertu de la loi actuelle sur les lanceurs d'alerte, une personne peut choisir de communiquer les renseignements à son ministère, ou encore doit les communiquer à un corps de police ou au Commissaire à la lutte contre la corruption.

Pour sa part, le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) a indiqué mercredi qu'il allait défendre son membre jusqu'au bout.

Le SPGQ soutient n'avoir jamais vu un cas de congédiement direct par un ministre d'un fonctionnaire qui est à cinq paliers hiérarchiques plus bas que lui.

Selon le syndicat, le ministre se range du côté de ceux qui produisent des pesticides potentiellement dangereux, dans ce dossier de santé publique où il y a de gros intérêts financiers.