François Legault souhaite qu'un entrepreneur aille « au bat » pour investir « de son propre argent » afin d'acheter la division technologique de Téo Taxi, qui a mis fin à ses opérations mardi. « Mais [pour sauver ces quelques] 20 emplois, la contribution du gouvernement sera limitée », a-t-il prévenu mercredi.

En point de presse en cette première journée de caucus d'avant-session de la Coalition avenir Québec (CAQ) en Outaouais, le premier ministre a réitéré que son gouvernement souhaitait travailler dans les prochaines années à créer des emplois « de plus de 50 000 dollars par année ».  

« S'il y avait un repreneur [pour la division technologique de Téo Taxi], on pourrait examiner la possibilité d'aider ce repreneur. Mais on veut [surtout] réorienter Investissement Québec pour créer des emplois de plus de 50 000 dollars année. Si on parle des chauffeurs de taxi à 15 $ de l'heure, ce ne sont pas des emplois à 50 000 », a dit M. Legault.  

En matinée, mercredi, le fondateur de Téo Taxi, Alexandre Taillefer, a brisé le silence en publiant une lettre ouverte dans La Presse. L'homme d'affaires souhaite entre autres que Québec rapatrie les infrastructures de recharge vers le circuit électrique d'Hydro-Québec. François Legault n'a pas directement répondu à cette sortie.  

Du côté de Québec, la députée de Québec solidaire (QS) de la circonscription de Mercier, Ruba Ghazal, a dit que l'« échec lamentable » de Téo Taxi prouve que le gouvernement doit se montrer plus prudent à l'avenir avant d'investir des fonds publics dans une entreprise privée.

« Il faut que le gouvernement demande des garanties et arrête de donner notre argent à gauche et à droit sans aucune garantie », a-t-elle dit à son arrivée à la réunion du caucus solidaire.

Un marché de l'emploi en mutation 

Alors qu'il était récemment au forum économique à Davos, où des entrepreneurs lui ont dit qu'ils investiraient dans des villes où il y a des étudiants et des travailleurs qualifiés, François Legault prédit qu'on « va vivre dans les prochaines années un grande transformation du marché de l'emploi ».  

« Les emplois où il n'y a pas beaucoup de valeur ajoutée, où on paie moins bien, tranquillement ils vont disparaître », a dit le premier ministre.  

« Il va falloir se concentrer sur les emplois payants et les entreprises qui offrent des emplois moins payants devront se réorienter. Ce sera notre travail de les aider à modifier leur modèle d'affaires [car] dans 10 ans, 20 ans ou 30 ans, ces emplois-là ne vont presque plus exister », a-t-il ajouté.  

Or, cette transition du marché de l'emploi ne se fera pas sans heurt pour les travailleurs non qualifiés. Québec souhaite donc à terme trouver des « incitatifs » pour qu'ils retournent aux études.

« Ces gens-là, si on leur dit ''retournez en formation pour un an et votre salaire passera de 15 à 30 $ de l'heure'', je pense qu'ils seront intéressés [à le faire]. Il faudra [toutefois] donner des incitatifs et peut-être payer une partie de leur salaire pendant la formation », a évoqué hypothétiquement François Legault.  

-Avec Martin Croteau, La Presse