François Legault a promis de s'attaquer aux changements climatiques, mercredi. Mais il a surpris les environnementalistes en présentant la construction du « troisième lien » entre Québec et Lévis comme un projet de « développement durable ».

Le premier ministre, qui a été critiqué en campagne électorale pour la faiblesse de ses engagements en environnement, a abordé la question sans détour dans son discours inaugural à l'Assemblée nationale.

« La survie de notre planète est en jeu, a-t-il dit. Je ne peux ignorer ce défi de l'urgence climatique et continuer de regarder mes deux fils dans les yeux. »

Pour réduire les émissions québécoises de gaz à effet de serre (GES), M. Legault a laissé entrevoir des « investissements importants » en transports collectifs. Il a cité en guise d'exemple le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, qui a maintes fois été annoncé et qui n'est toujours pas en chantier.

Le premier ministre mise également sur la production d'électricité renouvelable, sur le marché du carbone ainsi que sur l'électrification des transports.

Il a lancé une pointe au précédent gouvernement libéral en soulignant que le dernier bilan des émissions québécoises datait de 2015. Déjà, à cette époque, tout indiquait que la province allait rater ses objectifs climatiques.

« On n'a trouvé aucun plan sérieux, aucun plan chiffré de l'ancien gouvernement pour atteindre l'objectif de 2020. » - Le premier ministre François Legault

« Pire, on a constaté une gestion déficiente du Fonds vert, sans indicateur de performance, sans mesure de résultats. »

La veille, le premier ministre n'a pas été en mesure de garantir que le Québec réduirait d'ici 2020 ses émissions de 20 % sous le niveau de 2005, la cible adoptée par le gouvernement libéral. Il a cependant fait sien l'objectif de 2030, qui prévoit une baisse de 37,5 % sous le niveau de 2005.

Malgré sa volonté de s'attaquer à l'enjeu climatique, le premier ministre a dit vouloir « éviter les discours idéologiques voulant que tous les projets de construction soient néfastes ».

TROISIÈME LIEN

Pour illustrer son propos, il a cité le projet du « troisième lien » entre Québec et Lévis, qu'il a dépeint comme un exemple de « développement durable ». Ce projet, promis à maintes reprises par la Coalition avenir Québec, permettrait de relier le futur tramway de la capitale à la Rive-Sud en plus de permettre l'enfouissement de pylônes électriques sur l'île d'Orléans, a fait valoir M. Legault.

« On peut faire du troisième lien un épouvantail et un repoussoir, ou en faire un projet de développement durable, permettant de construire un véritable projet de transport structurant pour les deux rives et d'embellir le paysage, comme c'est l'intention de ce gouvernement », a dit M. Legault.

Le discours d'ouverture du premier ministre a été plutôt bien accueilli par les environnementalistes.

« On apprécie qu'il ait rappelé que la question environnementale est un des grands défis à relever et qu'il ait particulièrement souligné l'urgence climatique. » - Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace

« On reconnaît qu'il y a une réforme complète à faire au niveau du Fonds vert et que le gouvernement antérieur n'a pas livré la marchandise quant à la transparence et la reddition de comptes », poursuit-il.

Mais certains ont exprimé leur désaccord avec ses commentaires sur le troisième lien.

« On n'est pas d'accord avec le premier ministre sur cet aspect-là, et ce n'est pas un désaccord qui est idéologique, contrairement à ce qu'il a dit, a affirmé Karel Mayrand, porte-parole de la Fondation David Suzuki. Toutes les fois qu'on augmente l'offre routière, on induit l'augmentation du parc automobile. »